mercredi 30 avril 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 7

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Quelques jours plus tard nous étions de retour à Berlin. Je retrouvai Schneider dans un bar. Il me sembla qu'il était mieux qu'il y a quelques semaines. Je n'aurais jamais cru qu'il vive les choses aussi mal : le départ de Till, la fin de Rammstein lui coutait une dose d'antidépresseurs quotidienne. Heureusement qu'il avait sa fille, elle lui permettait de tenir la tête hors de l'eau.
- Comment va Lou ? Demanda-t-il.
- Il me semble la voir sourire de temps en temps. Reprendre le travail lui a fait du bien. Tu devrais passer la voir à la maison d'ailleurs, ça lui ferait très plaisir.
- À la maison, répéta Schneider. Alors tu reste toujours vivre chez elle.
Je ne parvins pas à savoir s'il s'agissait d'un reproche ou d'une simple remarque. Il se montrait moins acerbe depuis quelques temps.
- Ouais, elle n'arrive pas à rester seule, et moi j'ai besoin de sa présence aussi.
- Alors la rupture avec Nina est définitive ?
Une fois encore il touchait là où ça fait mal.
- Elle m'a posé un ultimatum, j'ai fais mon choix.
Il eut son fameux sourire ironique.
- On est mal barré mon pauvre Richard ! Rien que des pauvres vieux qui viennent de se faire larguer.
- Quoi ! M'exclamai-je.
- Sarah est partie, elle demande le divorce.
- Merde...
- Je le comprends, vivre avec un dépressif comme moi. Je suis absolument insupportable au quotidien, je n'arrive pas à remonter la pente. Puis, je crois aussi qu'elle a rencontré quelqu'un d'autre.
- Vraiment ?
- Concrètement je n'en sais rien, mais j'ai l'impression qu'elle culpabilise. Elle est d'accord pour la garde partagée d'Anne.
- Je suis désolé.
- Ouais...

Flake nous avait rejoint. Il essayait de nous remonter le moral. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il se montrait aussi combatif.
- Relance toi dans Emigrate, me dit-il. On veut bien y collaborer. Il faut absolument qu'on se remette à faire de la musique. C'est notre porte de sortie, ça l'a toujours été.
Je savais à quel point il avait raison, mais je ne voyais pas comment nous cinq pouvions faire un groupe, de la musique sans Till.
- Ecoute, reprit Flake, je sais à quel point c'est difficile d'admettre pour chacun d'entre nous, mais Rammstein est définitivement terminé. Il faut qu'on tourne la page, qu'on renaisse de nos cendres. Faire comme on l'a toujours fait : faire naître quelque chose de notre chagrin Emigrate me semble la meilleurs solution.
- Il a raison dit Schneider. Emigrate c'est la meilleure chose à faire. Sans Till, sans Rammstein on est véritablement des émigrés maintenant.
Nous nous regardâmes tous les trois avant d'exploser de rire.
- Tu vois, si Schneider commence à faire de la poésie, c'est signe qu'on a toucher le fond et qu'il est temps de remonter !
- J'ai encore besoin de temps, dis-je.
- Tu en as encore du temps, dit Schneider. Il faudra convaincre Ollie et attendre que Paul sorte de sa cure.
Paul. Il avait vraiment péter les plombs. Enfin pas d'un coup, doucement, mais surement, comme on dit. Depuis la nouvelle de la maladie de Till il avait prit l'habitude de boire, et après son départ ça avait empiré. Sa femme lui avait posé un ultimatum : la cure de désintox ou elle se barrait. Il l'aimait trop pour la perdre, il avait choisi la cure. Il y était depuis bientôt trois mois. Nous allions le voir toutes les semaines. Malgré son éternel sourire, malgré son sevrage, il avait du mal à faire son deuil et se sentait trop fragile pour retourner à la vie normale.
Quant à Ollie, comme toujours il n'avait rien laissé paraître de sa peine. Pourtant nous savions tous à quel point il avait été touché, nous l'avions vu lors de la cérémonie... Mais je ne voulais pas penser à ça, pas ce soir. Schneider, Flake et moi, autour d'une bière, essayions d'entrevoir l'avenir.

L'avenir. Lou le tenait dans ses bras lorsque je rentrai à l'appartement. Elle pleurait en silence, tenant son fils contre elle, le regardant. Je vins m'assoir à côté d'elle et passai mon bras autour de ses épaules.
- Ce qu'il lui ressemble, me dit-elle.
Oui, Adam était le reflet de son père. Il s'endormais doucement sous le regard humide de sa mère. Sous mon regard à moi, plein d'espoir, malgré la peine. Nous ne pouvions plus regarder en arrière, ne serait-ce que pour Adam. Il ne pourrait pas pleurer un passé qu'il ne connu pas. On se devait, nous tous, dans le souvenir de son père, le porter vers l'avenir, se montrer fort. Ce petit être c'était le symbole de notre avenir.
- Demain nous irons voir Paul et nous emmènerons Adam, dis-je.
J'étais sûr qu'Adam aurait sur Paul le même effet qu'il avait sur moi à cet instant.
Lou hocha la tête en signe d'approbation.

Comme chaque soir Lou avait fini par s'endormir à mes côtés. Les somnifères n'étaient pas une véritable solution, mais j'imagine que c'était mieux pour elle d'être plongée quelques heures dans le néant. Je me plongeais à nouveau dans l'écriture de Till.


Le lendemain, nous étions attablés à la terrasse d'une brasserie. Deux adolescentes me regardaient en pouffant, j'attendais avec agacement le moment où l'une d'elles allait avoir le courage de s'approcher. Lou rit beaucoup face à mon agacement.
- Je sais que tu ne trouve pas cela très drôle, je suis désolée...
- Ca te fait rire, c'est au moins une point positif, dis-je.
Les deux jeunes filles s'étaient enfin décidées et s'approchèrent, s'excusant mais elles étaient de grandes fans et elles auraient aimé faire une photo avec moi. Je pris la décision d'être gentil et acceptai.
- Voilà pourquoi je déteste la ville, déclarai-je une fois les deux adolescentes parties.
- Dis-toi que tu viens de réaliser leur rêve et ensoleiller leur journée.
En public, Lou était distante physiquement. Je n'avais qu'une envie, la prendre par la taille, lui caresser la main, mais je savais qu'il valait mieux ne rien laisser paraître.
Alors que je payais l'addition, mon téléphone vibra dans ma poche. C'était un message de Nele.
- Ma fille veut me voir, elle a quelque chose à m'annoncer, dis-je à Lou.
- Je vais te laisser alors. Je dois rejoindre James à la galerie de toute façon.
Elle ne m'embrassa pas, se contentant d'un sourire. La silhouette me tourna le dos et je me laissai hypnotiser quelques seconde par le balancement es ses hanches, jusqu'à ce qu'elle tourne le coin de la rue.

Je me souviendrai toute ma vie de cette scène dans les moindres détails. La lumière de la montée d'escaliers, le jean troué aux genoux et le chemisier vert que portait Nele, l'odeur du gateau aux pommes qui sortait juste du four.
- Salut papa ! Me lança Nele en ouvrant la porte.
- Bonjour répondis-je en la serrant dans mes bras.
Elle fit du café en discutant de tout et de rien. Une fois assise en face de moi sur un fauteuil je lui demandais :
- Alors qu'as-tu à ma dire ?
- Tu vas être grand-père, annonça-t-elle »
La surprise me paralysa une seconde, puis je me levai d'un bon pour prendre ma fille dans les bras. Mon bébé allait devenir maman, c'était incroyable. J'étais heureux pour ma fille, elle qui m'avait si souvent dit qu'elle voulait un enfant. J'avoue que cela me donnait également le vertige, une petite angoisse. Allait-elle s'en sortir ? Je crois qu'elle comprit mon inquiétude et me dit en riant :
- Tu t'en es bien sorti toi.

Vingt heures trente, chez Paul, le groupe au complet. Je venais de leur annoncer que j'allais être grand-père. Ils me firent tous une accolade ou m'embrassèrent pour me féliciter. Avec son enthousiasme habituel Paul avait crié « Champagne ! » et s'était précipiter dans la cuisine pour prendre une bouteille.
Ce fut une bonne soirée entre amis. Nous parlions de nos idées pour la future tournée, de nos vie, de nos enfants.
Plus tard je me retrouvai seul avec Flake dans la cuisine.
- Quel coup de vieux Till ! me dit-il. Tu vas être grand-père, je n'y crois pas !
- Je n'en reviens pas moi-même ! C'est tellement bizarre. Ma petite Nele avec un bébé...
- Pas si petite que cela, elle a bientôt trente ans !
Nous discutions tout les deux depuis un petit moment déjà. Je décidai de lui parler de Lou. Flake avait une capacité d'observation incroyable, il aurait deviné immédiatement en me voyant auprès d'elle et on avait programmé une séance photos pour la pochette du nouveau single la semaine suivante.
- Flake, il faut que je te dise un truc. Je préfère que cela reste entre nous pour le moment.
- Je t'écoute.
- J'ai couché avec Lou.
Moment de blanc. Flake semblait réfléchir à la réaction qu'il devait avoir. Il n'arrivait pas à se décider.
- C'est du sérieux, ou c'est juste un coup comme ça ? me demanda-t-il.
- J'en sais trop rien, cela vient juste de se produire.
- Oui, mais toi, comment tu considères cela ?
À mon tour je ne su que répondre. Je ne voulais pas que ce soit « un coup comme ça ». Je ressentais des choses pour Lou, quelque chose de nouveau. Je le dis Flake.
- Mon pauvre vieux, j'ai l'impression que tu viens de tomber amoureux pour la première fois de ta vie! s'exclama-t-il en ma tapant sur l'épaule.
- Non.
- Écoute, vois comment tout cela évolue. Si ça devient sérieux il faudra le dire aux autres. On est amenée à travailler avec elle encore quelques temps, elle doit réaliser un autre clip et partir en tournée avec nous...
- Je sais.

Deux heures du matin, je décidai de rentrer. Schneider et Ollie étaient partis depuis quelques minutes et la femme de Paul venait de rentrer. Flake et Richard étaient venus ensemble avec la voiture de ce dernier, les deux avaient trop bu pour conduire. Je proposai de prendre le volant. Je déposais d'abord Flake, puis Richard qui dormais place passager. Arrêté devant chez lui je lui tapai sur l'épaule :
- On est arrivé mon vieux.
- Ah ouais... il défit sa ceinture de sécurité. Rentre chez toi avec ma bagnole, je la récupèrerai plus tard.
- C'est sympa, merci.
Il descendit de la voiture et claqua la portière. Alors que j'allais enclencher la première pour repartir, il toqua au carreau. Je fit descendre la vitre.
- Till, je te demande qu'une chose : ne lui fais pas de mal.
Il tourna les talons.


La suite ? Elle se trouve ici.

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