vendredi 25 avril 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 4

Le chapitre 3 est ici.


J'avais installé Adam dans sa poussette pour descendre au restaurant de l'hôtel. Je lui avait donné son biberon entre l'entrée et le plat principal, puis il s'était endormi. Lou m'avait appelé :
- Tout se passe bien avec Adam ?
- Il est adorable, comme d'habitude. Et le tournage alors ?
- Tout se passe très bien, ça fait du bien de reprendre le travail. Par contre je pense que je vais terminer assez tard ce soir.
- Il n'y a pas de problème. Et ne t'inquiète pas ton fils est entre de bonnes mains.
Elle rit.
- Merci et à ce soir.

Assis en terrasse avec mon café, je repris ma lecture.


Des mois que nous étions sur la composition de cet album. Et, comme d'habitude, cela se passait sous tension, parce que, comme d'habitude, personne n'était d'accord sur quoi que ce soit. C'est vrai que l'idée de départ, se retrouver tous ensemble, bosser en équipe, comme au bon vieux temps m'avait vraiment enthousiasmé. Mais voilà, les choses changent, nous n'avions plus la jeunesse et l'insouciance des débuts.
Comme prévu, Lou avait été présente à chaque étape de notre travail. On avait composé et fait les premiers enregistrements en Allemagne, dans des lieux différents, puis au début de l'hiver 2008 nous étions tous à Los Angeles pour enregistrer nos morceaux. Je crois qu'au départ nous avions trouvé la présence de Lou un petit peu bizarre, dérangeante. On se sentait épié. Ce sentiment ne perdura pas, seulement les deux ou trois premiers jours. Elle avait su se faire discrète, presque invisible. Elle restait silencieuse, se contentant de manipuler son appareil photo ou sa caméra. Elle avait également subit les tensions et le engeulages sans dire un mot, s'éclipsant au bon moment.
J'avais l'impression qu'elle devenait notre ombre, et je crois que sa présence a joué un grand rôle, finalement. Pour moi, elle était devenue un obsession. Je là cherchais des yeux dès qu'elle n'était plus dans la pièce, je fuyais son regard lorsqu'elle posait ses yeux ou son objectif sur moi. En dehors des moments de travail elle était là avec nous, riant aux histoires de Paul, prenant parfois une guitare ou s'instalant au piano pour improviser quelque chose avec Richard ou Ollie, discutant art avec Flake, ou se lançant dans des expérimentations culinaires pas toujours très concluantes avec Schneider. Elle s'intéressait sincèrement à chacun d'entre nous, nous posant des questions sur nos vies, demandant des nouvelles de nos familles.
- Tu nous fais toujours parler, mais nous ne savons quasiment rien de toi, lui avais-je dit un jour.
- Je n'ai pas eu une vie aussi longue et riche que vous tous, répondit-elle en souriant.
Je ris.
Malgré son jeune âge, je savais qu'elle avait vécu des choses difficiles, ses parents et son frère étaient morts dans un accident lorsqu'elle était enfant. Richard m'avait expliqué ça avant que je ne la rencontre. Je lui avait fait une leçon du genre : « tu ne vas pas jouer les super héros en sauvant cette gamine orpheline ». J'avais trouvé ridicule de lui avoir dit cela lorsque j'ai fait la connaissance de Lou, pourtant la remarque avait été légitime. Richard passait son temps à se taper des minettes, apprenties mannequins en manque d'argent et de relations, ce qui m'énervait au plus haut point. Pas qu'il couchent avec elles, non, je faisais la même chose, mais qu'il veuille se donner bonne conscience en faisant quelque chose en retour, souvent payer un book ou les mettre en relation avec des amis tenant des agences de mannequina.
Enfin bref, nous étions tous à Los Angeles en cette fin d'année 2008 et mon attirance pour Lou tournait à l'obsession. Je m'en rendis compte un soir, assez tard. Je ne parvenais pas à m'endormir et sortis prendre l'air et fumer une clope. Je faisais le tour de la villa et arrivai du côté de la chambre de Lou. La pièce était éclairée, dessinant un rectangle jaune sur la pelouse. Je restais caché dans l'ombre et la vis assise sur son lit, son ordinateur sur les genoux. Je restais là, admirant son profil, son air concentré. Elle ramena une mèche de cheveux derrière son oreille. Au bout de quelques minutes elle se leva et commença à se déshabiller. Je m'arrêtais presque de respirer. Elle retira son pull et son jean, se retrouvant en sous vêtements. Elle se dirigeât dans la salle de bain. Au bout de quelques minutes elle réapparu dans la chambre, seins nus, entrain de se brosser les dents. Elle se penchât à nouveau sur son ordinateur, sans doute pour l'éteindre. Je revois encore ses courbes, son ventre plat avec les os du bassin légèrement saillants, l'arrondit de ses fesses, le galbe de ses seins, la sensualité de ses épaules si bien dessinées. Elle retourna dans la salle de bain, me laissant là avec une érection pas possible. Si Lou offrait à ma vue une sensualité sans nom, j'offrais sans doute un spectacle ridicule au point d'en être comique, caché dans l'ombre, une cigarette éteinte à la bouche.
J'aurais sans doute du me dire à ce moment là qu'il se passait quelque chose en moi de totalement nouveau. Certes, j'avais souvent, trop souvent, été attiré par de jolies jeunes femmes, j'avais eu envie d'elles, mais je m'étais toujours conduit en homme : je les séduisais pour obtenir ce que je voulais. Jamais je n'avais eu cette attitude d'adolescent. Dans mon lit, je me masturbais en pensant à elle, poussant le ridicule à son comble. La tête posé sur l'oreiller, je me rendis compte que je ressentais quelque chose de particulier pour elle, mais je rejetai immédiatement cela loin de moi. Assez de conneries avec l'amour et les femmes, j'étais trop vieux. Puis je venais de me séparer de Petra, et je n'avais pas envie de me faire chier avec une nouvelle histoire. Décidément la vie de couple ce n'était pas faite pour moi, tout était trop compliqué. 
Alors, quand la sensation d'un sentiment particulier pour Lou me traversa l'esprit, je fis ce que je sais faire le mieux : me mentir à moi-même et me dire que l'attirance était uniquement sexuelle. À cette époque là j'avais vraiment un comportement de merde, de celui à qui on ne la fait. Je faisais celui qui a déjà tout vu, tout vécu, que rien ne surprend. La vérité c'est que je n'avais pas tout vécu, pas tout ressenti. La preuve c'est que face à ce sentiment nouveau en moi j'avais l'attitude d'un gamin et niait.
C'est à cause de ce foutu comportement que les choses se sont si mal passées et que je ressens le besoin d'écrire, de réfléchir à ça. Si je n'avais pas été aussi con, peut-être qu'en se moment je ne serais pas là dans un chambre d'hôtel froide et sans vie à essayer de démêler mon existence.


La suite ? On peut lire le chapitre 5 ici.

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