C'était
une after de plus, avec son lot d'alcool, de drogue et de
groupies. Notre repos du guerrier était assuré après chaque
concert, et ce depuis des années. Cela était rassurant, à
l'approche de la cinquantaine, de pouvoir se taper des minettes dont
les plus âgées avaient à peine trente ans. Je dis « nous »,
mais je devrait plutôt dire Richard et moi. Les autres ne voulaient
pas gâcher leur bonheur en trompant leurs femmes avec d'autres dont
on ne se remémorait ni les noms ni les visages.
Une fois de plus, Lou avait voulu
resté. Elle avait rangé son appareil photos et discutait une fois
encore avec Ollie. Comme d'habitude cela m'exaspérait... J'avais
d'ailleurs pas mal déconné un soir ou j'avais bu un verre de
trop... Enfin, bref. J'avais sur les genoux une brune pulpeuse avec
une poitrine plus que généreuse emballée dans un chemisier deux
fois trop petit. Elle ne faisait que parler, mais je ne l'écoutais
pas, j'étais rassurer de ne pas avoir à passer la nuit seul.
C'était toujours le même scénario
après les concerts : je ramenais une fille à l'hôtel et je
lui faisait l'amour dans le noir en pensant à Lou. Mais à chaque
fois c'était la même frustration. Ces filles ne pouvaient même pas
donner l'illusion de ce que j'avais ressentie avec Lou. Malgré cela,
je rejouais le même film tous les soirs.
La brune était partie remplir nos
verres, et je me retrouvais seul un instant. Lou vint me taper sur
l'épaule :
- Till, je rentre à l'hôtel.
Je restais hébété : depuis des
semaines Lou ne m'adressait la parole que pour des raisons
professionnelles et elle ne m'avais jamais tenu au courant de ses
agissements. Elle perçut ma surprise et sourit légèrement :
- Au cas ou Richard demanderait où je
suis passée. Je l'aurais bien prévenu moi-même mais il est trop
occupé pour le moment...
Je tournai les yeux en direction de
Richard : il était en compagnie d'une jolie blonde, et leurs
lèvres ne semblaient pas vouloir se décoller. Je me tournai vers
Lou pour lui dire bonne nuit, mais on se mit à crier derrière elle:
- Non mais pour qui elle se prend
celle-la !
C'était la brune qui arrivait une
bouteille à la main. Elle croyait que Lou venait de rafler sa prise
de la soirée. Tout s'enchaina rapidement. Lou se tourna et la brune
lui fracassa la bouteille qu'elle tenait sur la tempe. Je me levai
d'un bon. Lou, en tombant, s'assomma sur une table basse. Je compris
immédiatement qu'elle avait perdu connaissance. La brune se jeta sur
elle, lui donna des coups de pieds dans les côtes et le ventre. Les
gens autour essayaient de maîtriser la furie. Je me jetai sur le
corps inerte de Lou.
Elle saignait abondamment au niveau de
l'oreille gauche. Elle ne répondit pas à mes appels. Je la pris
dans les bras et me dirigeai vers la sortie. Un de nos chauffeurs
attendait à l'extérieur. Je lui hurlai de nous conduire à
l'hôpital le plus proche. Je m'assis à l'arrière, Lou allongée
sur les sièges, sa tête entre mes mains. Sa respiration sifflait et
un filet de sang coulait de sa bouche.
Le trajet jusqu'aux urgences me paru
interminable. J'avais peur pour cet être que je tenais dans mes bras
et que j'aimais de toutes mes tripes. Je passai une main sur mon
visage. Il était humide. Je pleurais.
Nous arrivions enfin. Le chauffeur
couru m'ouvrir la portière et je m'engouffrai dans le hall des
urgences, Lou dans les bras. Puis les choses m'échappèrent. Elle
fut prise en charge par le personnel soignant qui l'installèrent sur
un brancard. Ils la dirigèrent dans les couloir, je les suivais. Ils
se dirigèrent dans une salle mais une infirmière me barra le
passage. Elle me demanda ce qu'il s'était passé. Je lui racontai
l'agression. J'essayais toujours de rentrer dans la salle d'examen.
- Calmez-vous monsieur !
- Je dois savoir comment elle va,
dis-je dans un souffle.
- Si vous vous éloignez de cette
porte je vais pouvoir entrer et prendre des nouvelles. Je reviendrai
vous dire ce qu'il en est.
Je me calmai et lui demandai de
revenir le plus vite possible. Elle du s'absenter cinq minutes tout
au plus. J'étais comme un lion en cage. Je compris mon trouble au
moment où je me rendis compte que j'étais entrain de prier... Dans
ma tête, je demandais à je ne sais qui ou je ne sais quoi de faire
qu'elle aille bien. Pathétique.
L'infirmière revint :
- Elle a reprit connaissance. Ses
blessures à la tête sont superficielles. Elle a des côtes cassées
et un de ses poumons est légèrement touché. Le chirurgien de garde
l'attend au bloc pour le suturer. Pour l'instant elle est au scanner
afin que l'on vérifie qu'il n'y a pas de traumatisme crânien.
- Est-ce que l'opération qu'elle doit
subir est lourde ?
- Non, ce n'est pas une intervention
invasive.
- Et sa tête ?
- Il faut attendre le résultat du
scanner...
Elle me dit de me rendre en chirurgie,
au cinquième étage.
Dans l'ascenseur je consultai mon
téléphone. Vingt-trois appels en absence de Richard. Je le
rappelai. Il était complètement paniqué et je tentai de le
rassurer. Je lui donnai le nom de l'hôpital et lui dit de me
rejoindre au service de chirurgie.
À cette heure tardive les couloirs
étaient presque vides. Je trouvais une infirmière au bureau
d'accueil, elle me dit que Lou était encore en service de
radiologie, elle devait être transférée d'une minute à l'autre.
J'appris que l'intervention durerai entre trente et quarante-cinq
minutes. Il fallait attendre désormais.
Assis dans la salle d'attente j'essayé
de me repasser les évènements de la soirée. J'avais l'impression
de sortir d'un mauvais rêve. Richard arriva, il était paniqué. Je
tentai de lui redonner les informations que le personnel soignant
m'avait transmises. Nous attendions là, en silence, Richard assis
sur une chaise, moi faisant les cent pas. Les minutes s'écoulaient
comme des années.
Un homme en pyjama vert arriva,
c'était le chirurgien. L'opération s'était bien déroulée, la
lésion au poumon était minime, Lou allait s'en remettre très vite.
Elle n'avait pas non plus de traumatisme crânien. Elle était en
salle de réveil et elle serait installée dans une chambre d'ici
deux heures.
Si d'une part j'étais soulag, une
culpabilité immense m'envahit. Quand Richard se mit à parler, je
compris que ce sentiment été partagé.
- Voilà ce que ça donne nos
conneries ! Il fallait bien qu'un accident de ce genre finisse
pas se produire. Ces folles de groupies sont si imprévisibles.
Pourquoi a-t-il fallut que ce soit Lou...
Sa voix fut étouffée par un sanglot.
Richard, mon Richard en train de pleurer ! Je crois que c'est à
cet instant que j'ai vraiment compris cette relation d'amitié, cet
amour fraternel qu'il ressentait pour Lou. Je lui posai une main sur
l'épaule afin de le réconforter.
Une infirmière arriva. Lou allait
être installée dans une chambre du service. Elle nous dit aussi
qu'il serait utile que l'un d'entre nous lui apporte des affaires. Je
ne comprenais pas.
- Votre amie va devoir rester à
l'hôpital quelques jours, dit l'infirmière. Elle aura besoin de
vêtements de rechange et d'affaires de toilette.
Richard ne voulait pas quitter
l'hôpital. Il me donna la clef de sa voiture afin que je puisse me
rendre à l'hôtel récupérer ce qu'il fallait.
Alors que je conduisais, une immense
lassitude s'empara de moi. Chaque mouvement me coutait et je
ressentais des picotement dans le yeux. Les rues étant désertes,
j'arrivai très vite à l'hôtel. Il me fallut quelques minutes pour
négocier la clef de la chambre de Lou, Dieu merci, la personne à la
réception était compréhensive... Je passais d'abord dans ma
chambre prendre une douche et me changer histoire de faire
disparaître un peu la fatigue.
Je me trouvais devant la porte de la
chambre de Lou. J'enfilai la carte dans le lecteur, pris une
inspiration et entrai. J'étais franchement gêné de devoir
manipuler ses affaires, je me donnais l'impression d'être une espèce
de pervers. Je commençai par la salle de bain réunissant le
nécessaire dans la trousse de toilette posée près du lavabo. Je
pris aussi deux serviettes de toilette de l'hôtel. Je vidai la plus
petite de ses deux valises. Son odeur émanait de tous ses vêtements
et cela me procura une sorte d'ivresse. Je restais un instant sans
bouger ne sachant que prendre. Je supposai que des vêtement
confortables seraient appropriés et je trouvai un survêtement.
J'ajoutai un jean et quelques tee-shirts. Je cherchai un pyjama et
parvins à mettre la main sur quelque chose en coton, de pas trop
sexy. Je touchai alors du bout des doigts sa lingerie. J'étais
partagé entre la gêne et le plaisir du voyeur. C'est le plaisir qui
l'emporta, créant une tension en bas du ventre. Je me sortis
rapidement de mes rêveries et pour prendre ce dont elle aurait
besoin en évitant soigneusement la dentelle et autres éléments
trop échancrés. Je finis par ranger tout cela dans la petite valise
et partis.
Dans la voiture, je regardais mon
portable. Il était bientôt trois heures du matin et Richard m'avait
envoyé un message : « Chambre 547 ».
Au cinquième étage de l'hôpital, la
chambre 547 était ouverte. Richard était à l'intérieur, il
dormait sur un fauteuil. Lou n'était pas encore là. Je déposais la
valise dans un coin de la pièce et m'assis sur une chaise. Richard
ouvrit les yeux.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Je viens juste d'arriver.
Du bruit se fit entendre dans le
couloir. Un brancardier et une infirmière installèrent Lou dans la
chambre. Elle avait les yeux ouverts mais semblait absente. Ce n'est
qu'une fois que le personnel nous avait laissé qu'elle remarqua la
présence de Richard qui s'était approché à son chevet. Elle lui
sourit.
- Lou, on a eu tellement peur, lui
chuchota-il en caressant ses cheveux.
- Moi je ne me suis rendue compte de
rien, répondit-elle avec un sourire fatigué.
Elle avait du mal à garder les yeux
ouverts, à cause de l'anesthésie. Richard lui parlait doucement et
elle acquiesçait par de petits mouvements de tête sans ouvrir les
paupières.
Je l'observais. Elle avait une
blessure sur la tempe gauche qui s'étendait jusqu'à l'arrière de
son oreille. Le premier point de suture était à quelques
centimètres de son œil. Sa pommette droite était légèrement
gonflée et bleue et une cerne violette dessinait un coquard sous son
œil. Un cathéter était planté sur le dos de sa main gauche, relié
à une poche par un tuyau en plastique.
Richard lui dit que c'était moi qui
l'avait conduit à l'hôpital.
- Où est-il maintenant ?
demanda-t-elle.
- Juste ici.
Elle souleva ses paupières et croisa
mon regard.
- Merci, dit-elle avant de refermer
les yeux. Après un silence elle ajouta : Les deux hommes qui
comptent le plus pour moi son à mon chevet... Que demander de plus ?
Je fus littéralement scotché par ce
qu'elle venait de dire. Richard se rendit compte de mon malaise et me
regarda avec insistance avant de dire à Lou :
- Repose-toi, on va aller prendre un
café.
Il se leva et me fit signe de le
suivre dans le couloir.
- Ne fait pas cette tête, me dit-il.
- Quelle tête ?
- Celle-là.
Je ne répondis rien. J'attendais de
voir où il voulait en venir, même si je savais très bien que cela
avait un rapport avec ce que Lou venait de dire.
- Elle est amoureuse de toi,
déclara-t-il.
- Non, c'est l'anesthésie, elle est
un peu shootée et elle ne se rend pas compte de ce qu'elle dit.
- Elle t'aime depuis le début.
- Ne dis pas de connerie !
- Écoute Till, s'emporta Richard. À
son retour des tournages aux États-Unis, j'ai du la ramasser à la
petite cuillère quand elle a su que tu étais retourné avec Petra.
Je ne pouvais pas croire ce qu'il
disait là, Ça n'avait aucun sens ! Je pensai à haute voix :
- Elle a montré tellement
d'indifférence à cela. Elle m'a souhaité d'être heureux avec
Petra. Et ça m'a blessé putain !
- Tiens donc, toi blessé ! Je
croyais que c'était juste une histoire de cul...
- Non, c'était bien plus... Et sa
réaction m'a fait mal putain !
Je n'arrivais pas à réfléchir ni à
croire Richard. Je pris mon visage dans mes mains. Il se mit à rire.
Je pensai qu'il perdait les pédales, mais il dit :
- Votre situation est tellement
drôle !
- Je ne vois pas en quoi...
- Vous vous rendez malheureux parce
que vous avez été incapables de vous dire ce que pour ressentiez
l'un pour l'autre. Tout cela parce que tu es trop fier et qu'elle est
autant orgueilleuse que toi !
Je me mis à rire moi aussi, Je
n'étais pas sûr de comprendre, j'avais l'impression de devenir fou.
Je ne sais pas si c'était la fatigue, le choc de la révélation que
Richard venait de me faire, ou si c'était simplement parce que
j'étais malheureux. Je me laissai glisser contre le mur pour
m'assoir par terre, la tête dans les mains. Je riais. Richard
s'assit à côté de moi et me posa une main sur l'épaule. J'avais
honte de me laisser aller de cette manière surtout devant témoin.
Je parvins finalement à me calmer. Au bout d'un moment, Richard
finit par rompre le silence :
- Je ne sais pas ce que tu comptes
faire, je suppose que tu ne le sais pas toi même... Jure-moi
simplement que tu ne révèlera pas notre conversation à Lou. Elle
me tuera sinon...
J'avais repris mes esprits. J'essayais
de le convaincre de rentrer à l'hôtel pour dormir quelques heures.
Je veillerai sur Lou pendant son sommeil, elle aurait besoin de lui à
son réveil.
- Je ne pense pas qu'elle ai envie de
te voir avec une tête pareille.
Il accepta de rentrer. Je retournai
dans la chambre. Lou dormait profondément. Je m'assis à côté
d'elle et la regardais un moment en lui caressant doucement la main.
Je finis par m'endormir, la tête posée sur le drap.
Il me semblai que je venais juste de
fermer les yeux quand la voix de Lou me réveilla :
- Till ? Till, réveille toi...
Je redressai la tête et ouvris les
yeux. Ma nuque était douloureuse. Le jour pointé déjà à travers
les stores.
- Bonjour, dis-je
- Salut...
Elle avait de petits yeux. Le bleu sur
sa joue et son coquard étaient plus sombres. Je la trouvai belle
malgré cela.
- J'ai deux services à te demander,
dit-elle.
- Je t'écoute.
- D'abord... elle hésita. Je crois
que le sang ne circule plus dans ma main, dit-elle en baissant les
yeux sur son bras se trouvant de mon côté.
Je baissai mon regard sur sa main. Je
la serrais dans la mienne. J'avais du la prendre dans mon sommeil. Je
la lâchai, gêné.
- Excuse-moi...
- Ce n'est rien, dit-elle visiblement
gênée elle aussi.
- Et le second service ?
Demandai-je précipitamment pour changer de sujet.
- Pourrais-tu m'aider à me lever. Je
ne vais pas y arriver toute seule, j'ai trop mal au côté.
- Te lever pour faire quoi ?
- Devine.
- Excuse-moi, ce que je peux être con
parfois...
Elle redressa le dossier du lit à
l'aide de la télécommande posée à son chevet. Elle était
désormais droite. Je m'approchai pour l'aider. Elle passa son bras
autour de mon cou. Nous étions presque joue contre joue. Elle
sentait la Bétadine. Je la sentis retenir son souffle et je l'aidai
à se redresser. Elle poussa un petit gémissement de douleur.
- Ca va ? demandai-je.
- J'ai eu des jours mieux...
On recommença l'opération afin
qu'elle puisse se mettre debout.
- Tu n'as pas la tête qui tourne ?
- Non, c'est juste que j'ai mal...
Elle commença à marcher doucement
s'appuyant sur le support pour les perfusions. Je restai à côté
d'elle. Je lui ouvris la porte de la salle de bain.
- Je crois que je vais me passer de ta
compagnie pour ce que j'ai à faire...
Je ris. Elle entra dans la petite
pièce et appuya sur l'interrupteur. Elle se figea. Le miroir
accroché au mur en face lui renvoyait sa propre image. Son regard
s'assombrit, ses yeux devinrent humides, mais elle ne pleura pas.
Elle était en colère.
- Elle ne m'a pas loupé cette
salope...
Elle examinait ses blessures. Je me
sentis mal à l'aise. J'essayai de la réconforter :
- D'ici quelque temps cela ne se verra
plus.
- D'accord pour les bleus. Mais la
cicatrice...
Elle était dans cet état en partie
par ma faute... Elle du sentir mon malaise car elle dit :
- Remarque, les cicatrices ça donne
de la personnalité, mais sans sourire vraiment.
Elle resta aux toilettes au moins cinq
minutes. Je commençai à m'inquiéter quand elle ouvrit la porte.
- Till, tu peux téléphoner à
Richard. Il faudrait qu'il m'apporte des affaires. J'ai absolument
besoin de me brosser les dents et de prendre une douche.
- Ce n'est pas la peine de l'appeler,
je suis aller chercher quelques affaires à toi cette nuit.
- Vraiment ?
Je lui apportai sa trousse de
toilette. Alors qu'elle se brossait les dents, je pu voir le côté
de son dos meurtrit, bleu, la blouse d'hôpital ne fermant qu'au
niveau de la nuque.
- Tu me mattes les fesses ?
s'exclama-t-elle, du dentifrice plein la bouche en me regardant à
travers le miroir.
- Non, pas du tout ! Excuse-moi.
Le rouge me monta aux joues. Cela la
fit sourire. Puis on frappa à la porte et entra sans attendre.
C'était une infirmière qui se mit à vociférer lorsqu'elle vit que
Lou était debout. Elle nous traita d'irresponsables. Mais Lou ne se
laissa pas faire :
- Ce qui aurait été irresponsable,
c'est qu'il me laisse me pisser dessus !
L'infirmière fut estomaquée. Elle
comprit qu'elle était tombée sur plus forte qu'elle. Cela me fit
sourire. Elle aida Lou à se recoucher.
- Je vous mets des calmants et des
antibiotiques en intraveineuse, ils seront passés d'ici une
demi-heure.
- Quand vais-je pouvoir prendre une
douche ?
- Quand les médicaments seront
passés, vous sonnerez et je viendrai boucher votre cathéter.
- Merci.
Je m'assis sur le fauteuil prêt de la
fenêtre. Lou s'assoupit, les calmants devaient faire effet. Je la
regardais dormir en repensant à la conversation de la nuit que
j'avais eu avec Richard. Les choses me paraissaient plus claires. Je
pris la décision de rompre avec Petra dès que nous serions de
retour à Berlin. Était-ce vraiment la peine de jouer cette comédie
de couple parfait ? Je la trompais, elle faisait de même de son
côté. Et les moment que nous passions ensemble ne nous rendaient
pas spécialement heureux.
Elle dormit environ une heure puis, à
son réveil, appela l'infirmière. Cette dernière arriva rapidement
et autorisa Lou à prendre une douche.
- Aussi têtue que vous avez l'air
vous allez avoir besoin de moi pour vous habiller. Alors dites à
votre ami de sonner quand vous aurez terminé.
- Très bien.
L'infirmière s'en alla et Lou me
demanda de prendre des vêtements propres dans sa valise.
- Alors comme ça tu as fouillé dans
mes petites culottes ?
J'étais gêné et à la fois très
heureux qu'elle fasse preuve d'humour malgré la situation. Je
rétorquai :
- Je t'ai vu nue à plusieurs
reprises...
Elle ne trouva rien à répondre et
fit des yeux ronds. Je pensai être allé trop loin, mais elle dit :
- Till : 1 – Lou : 0
Elle resta presque une heure dans la
salle de bain. Alors que l'infirmière l'aidait à s'habiller Richard
et Schneider firent leur entrée dans la chambre.
- Où est-elle ? demanda Richard.
- Dans la salle de bain, une
infirmière est avec elle.
- Comment va-t-elle ?
- Elle souffre. Ce matin elle a
encaissé le coup en voyant l'état de son visage...
- Elle est si amochée que cela ?
demanda Schneider.
- Elle va avoir une grande cicatrice
sur la tempe.
Richard m'expliqua que les flics
allaient venir m'interroger, ainsi que Lou. Ils avaient embarqué
l'hystérique de la veille. Notre manager avait porté plainte au nom
du groupe. Puis Christoph aborda un autre sujet :
- Avec Flake on se demandait s'il ne
fallait pas annuler le concert de ce soir, vu ce qu'il s'est passé...
- Lou refusera catégoriquement qu'on
annule quoi que ce soit, dit Richard.
- En tous pas pas d'after.
- Ca d'accord...
- Je me dis que si on monte sur scène
ce soir elle va penser que ce qui lui est arrivé nous est égal...
argumenta Schneider.
- Dis lui que nous annulons le concert
de ce soir... Je sais déjà ce qu'elle va répliquer : « c'est
une blague ? ». C'est la réponse qu'elle me fait toujours
lorsqu'elle estime que j'ai une idée stupide, objecta Richard.
L'infirmière sortit de la salle de
bain. Elle nous dit que Lou était prête et nous demanda de
l'obliger à se déplacer le moins possible. Derrière elle, Lou
levait les yeux au ciel. Une fois la soignante partie, elle salua
Schneider et Richard. On l'aida à se remettre au lit. Elle ne se
plaignait pas, mais les traits de son visage exprimaient la douleur
qu'elle ressentait.
Schneider parla du projet d'annuler le
concert de ce soir.
- Vous rigolez j'espère, dit-elle en
nous regardant tour à tour.
Cela me fit sourire. Schneider était
exaspéré mais le sujet été clos.
Deux inspecteurs de police vinrent
pour enregistre mon témoignage et le dépôt de plainte de Lou. Puis
ce fut au tour du chirurgien de faire son apparition. Lou pourrait
sortir d'ici quatre jours.
Tout à coup la fatigue s'empara de
moi. Il était presque midi et je n'avais dormi que quelques heures.
Si nous devions monter sur scène le soir, il me fallait absolument
un peu de repos. Je dis au revoir à Lou.
Arrivé dans ma chambre d'hôtel je
m'effondrai sur le lit et m'endormis aussitôt.
La suite ? On se retrouve ici !