jeudi 22 mai 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 14

On click ici pour lire le chapitre précédent, et pour le début du récit. 


C'était une after de plus, avec son lot d'alcool, de drogue et de groupies. Notre repos du guerrier était assuré après chaque concert, et ce depuis des années. Cela était rassurant, à l'approche de la cinquantaine, de pouvoir se taper des minettes dont les plus âgées avaient à peine trente ans. Je dis « nous », mais je devrait plutôt dire Richard et moi. Les autres ne voulaient pas gâcher leur bonheur en trompant leurs femmes avec d'autres dont on ne se remémorait ni les noms ni les visages.
Une fois de plus, Lou avait voulu resté. Elle avait rangé son appareil photos et discutait une fois encore avec Ollie. Comme d'habitude cela m'exaspérait... J'avais d'ailleurs pas mal déconné un soir ou j'avais bu un verre de trop... Enfin, bref. J'avais sur les genoux une brune pulpeuse avec une poitrine plus que généreuse emballée dans un chemisier deux fois trop petit. Elle ne faisait que parler, mais je ne l'écoutais pas, j'étais rassurer de ne pas avoir à passer la nuit seul.
C'était toujours le même scénario après les concerts : je ramenais une fille à l'hôtel et je lui faisait l'amour dans le noir en pensant à Lou. Mais à chaque fois c'était la même frustration. Ces filles ne pouvaient même pas donner l'illusion de ce que j'avais ressentie avec Lou. Malgré cela, je rejouais le même film tous les soirs.
La brune était partie remplir nos verres, et je me retrouvais seul un instant. Lou vint me taper sur l'épaule :
- Till, je rentre à l'hôtel.
Je restais hébété : depuis des semaines Lou ne m'adressait la parole que pour des raisons professionnelles et elle ne m'avais jamais tenu au courant de ses agissements. Elle perçut ma surprise et sourit légèrement :
- Au cas ou Richard demanderait où je suis passée. Je l'aurais bien prévenu moi-même mais il est trop occupé pour le moment...
Je tournai les yeux en direction de Richard : il était en compagnie d'une jolie blonde, et leurs lèvres ne semblaient pas vouloir se décoller. Je me tournai vers Lou pour lui dire bonne nuit, mais on se mit à crier derrière elle:
- Non mais pour qui elle se prend celle-la !
C'était la brune qui arrivait une bouteille à la main. Elle croyait que Lou venait de rafler sa prise de la soirée. Tout s'enchaina rapidement. Lou se tourna et la brune lui fracassa la bouteille qu'elle tenait sur la tempe. Je me levai d'un bon. Lou, en tombant, s'assomma sur une table basse. Je compris immédiatement qu'elle avait perdu connaissance. La brune se jeta sur elle, lui donna des coups de pieds dans les côtes et le ventre. Les gens autour essayaient de maîtriser la furie. Je me jetai sur le corps inerte de Lou.
Elle saignait abondamment au niveau de l'oreille gauche. Elle ne répondit pas à mes appels. Je la pris dans les bras et me dirigeai vers la sortie. Un de nos chauffeurs attendait à l'extérieur. Je lui hurlai de nous conduire à l'hôpital le plus proche. Je m'assis à l'arrière, Lou allongée sur les sièges, sa tête entre mes mains. Sa respiration sifflait et un filet de sang coulait de sa bouche.
Le trajet jusqu'aux urgences me paru interminable. J'avais peur pour cet être que je tenais dans mes bras et que j'aimais de toutes mes tripes. Je passai une main sur mon visage. Il était humide. Je pleurais.
Nous arrivions enfin. Le chauffeur couru m'ouvrir la portière et je m'engouffrai dans le hall des urgences, Lou dans les bras. Puis les choses m'échappèrent. Elle fut prise en charge par le personnel soignant qui l'installèrent sur un brancard. Ils la dirigèrent dans les couloir, je les suivais. Ils se dirigèrent dans une salle mais une infirmière me barra le passage. Elle me demanda ce qu'il s'était passé. Je lui racontai l'agression. J'essayais toujours de rentrer dans la salle d'examen.
- Calmez-vous monsieur !
- Je dois savoir comment elle va, dis-je dans un souffle.
- Si vous vous éloignez de cette porte je vais pouvoir entrer et prendre des nouvelles. Je reviendrai vous dire ce qu'il en est.
Je me calmai et lui demandai de revenir le plus vite possible. Elle du s'absenter cinq minutes tout au plus. J'étais comme un lion en cage. Je compris mon trouble au moment où je me rendis compte que j'étais entrain de prier... Dans ma tête, je demandais à je ne sais qui ou je ne sais quoi de faire qu'elle aille bien. Pathétique.
L'infirmière revint :
- Elle a reprit connaissance. Ses blessures à la tête sont superficielles. Elle a des côtes cassées et un de ses poumons est légèrement touché. Le chirurgien de garde l'attend au bloc pour le suturer. Pour l'instant elle est au scanner afin que l'on vérifie qu'il n'y a pas de traumatisme crânien.
- Est-ce que l'opération qu'elle doit subir est lourde ?
- Non, ce n'est pas une intervention invasive.
- Et sa tête ?
- Il faut attendre le résultat du scanner...
Elle me dit de me rendre en chirurgie, au cinquième étage.
Dans l'ascenseur je consultai mon téléphone. Vingt-trois appels en absence de Richard. Je le rappelai. Il était complètement paniqué et je tentai de le rassurer. Je lui donnai le nom de l'hôpital et lui dit de me rejoindre au service de chirurgie.
À cette heure tardive les couloirs étaient presque vides. Je trouvais une infirmière au bureau d'accueil, elle me dit que Lou était encore en service de radiologie, elle devait être transférée d'une minute à l'autre. J'appris que l'intervention durerai entre trente et quarante-cinq minutes. Il fallait attendre désormais.
Assis dans la salle d'attente j'essayé de me repasser les évènements de la soirée. J'avais l'impression de sortir d'un mauvais rêve. Richard arriva, il était paniqué. Je tentai de lui redonner les informations que le personnel soignant m'avait transmises. Nous attendions là, en silence, Richard assis sur une chaise, moi faisant les cent pas. Les minutes s'écoulaient comme des années.
Un homme en pyjama vert arriva, c'était le chirurgien. L'opération s'était bien déroulée, la lésion au poumon était minime, Lou allait s'en remettre très vite. Elle n'avait pas non plus de traumatisme crânien. Elle était en salle de réveil et elle serait installée dans une chambre d'ici deux heures.
Si d'une part j'étais soulag, une culpabilité immense m'envahit. Quand Richard se mit à parler, je compris que ce sentiment été partagé.
- Voilà ce que ça donne nos conneries ! Il fallait bien qu'un accident de ce genre finisse pas se produire. Ces folles de groupies sont si imprévisibles. Pourquoi a-t-il fallut que ce soit Lou...
Sa voix fut étouffée par un sanglot. Richard, mon Richard en train de pleurer ! Je crois que c'est à cet instant que j'ai vraiment compris cette relation d'amitié, cet amour fraternel qu'il ressentait pour Lou. Je lui posai une main sur l'épaule afin de le réconforter.
Une infirmière arriva. Lou allait être installée dans une chambre du service. Elle nous dit aussi qu'il serait utile que l'un d'entre nous lui apporte des affaires. Je ne comprenais pas.
- Votre amie va devoir rester à l'hôpital quelques jours, dit l'infirmière. Elle aura besoin de vêtements de rechange et d'affaires de toilette.
Richard ne voulait pas quitter l'hôpital. Il me donna la clef de sa voiture afin que je puisse me rendre à l'hôtel récupérer ce qu'il fallait.

Alors que je conduisais, une immense lassitude s'empara de moi. Chaque mouvement me coutait et je ressentais des picotement dans le yeux. Les rues étant désertes, j'arrivai très vite à l'hôtel. Il me fallut quelques minutes pour négocier la clef de la chambre de Lou, Dieu merci, la personne à la réception était compréhensive... Je passais d'abord dans ma chambre prendre une douche et me changer histoire de faire disparaître un peu la fatigue.
Je me trouvais devant la porte de la chambre de Lou. J'enfilai la carte dans le lecteur, pris une inspiration et entrai. J'étais franchement gêné de devoir manipuler ses affaires, je me donnais l'impression d'être une espèce de pervers. Je commençai par la salle de bain réunissant le nécessaire dans la trousse de toilette posée près du lavabo. Je pris aussi deux serviettes de toilette de l'hôtel. Je vidai la plus petite de ses deux valises. Son odeur émanait de tous ses vêtements et cela me procura une sorte d'ivresse. Je restais un instant sans bouger ne sachant que prendre. Je supposai que des vêtement confortables seraient appropriés et je trouvai un survêtement. J'ajoutai un jean et quelques tee-shirts. Je cherchai un pyjama et parvins à mettre la main sur quelque chose en coton, de pas trop sexy. Je touchai alors du bout des doigts sa lingerie. J'étais partagé entre la gêne et le plaisir du voyeur. C'est le plaisir qui l'emporta, créant une tension en bas du ventre. Je me sortis rapidement de mes rêveries et pour prendre ce dont elle aurait besoin en évitant soigneusement la dentelle et autres éléments trop échancrés. Je finis par ranger tout cela dans la petite valise et partis.
Dans la voiture, je regardais mon portable. Il était bientôt trois heures du matin et Richard m'avait envoyé un message : « Chambre 547 ».
Au cinquième étage de l'hôpital, la chambre 547 était ouverte. Richard était à l'intérieur, il dormait sur un fauteuil. Lou n'était pas encore là. Je déposais la valise dans un coin de la pièce et m'assis sur une chaise. Richard ouvrit les yeux.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Je viens juste d'arriver.
Du bruit se fit entendre dans le couloir. Un brancardier et une infirmière installèrent Lou dans la chambre. Elle avait les yeux ouverts mais semblait absente. Ce n'est qu'une fois que le personnel nous avait laissé qu'elle remarqua la présence de Richard qui s'était approché à son chevet. Elle lui sourit.
- Lou, on a eu tellement peur, lui chuchota-il en caressant ses cheveux.
- Moi je ne me suis rendue compte de rien, répondit-elle avec un sourire fatigué.
Elle avait du mal à garder les yeux ouverts, à cause de l'anesthésie. Richard lui parlait doucement et elle acquiesçait par de petits mouvements de tête sans ouvrir les paupières.
Je l'observais. Elle avait une blessure sur la tempe gauche qui s'étendait jusqu'à l'arrière de son oreille. Le premier point de suture était à quelques centimètres de son œil. Sa pommette droite était légèrement gonflée et bleue et une cerne violette dessinait un coquard sous son œil. Un cathéter était planté sur le dos de sa main gauche, relié à une poche par un tuyau en plastique.
Richard lui dit que c'était moi qui l'avait conduit à l'hôpital.
- Où est-il maintenant ? demanda-t-elle.
- Juste ici.
Elle souleva ses paupières et croisa mon regard.
- Merci, dit-elle avant de refermer les yeux. Après un silence elle ajouta : Les deux hommes qui comptent le plus pour moi son à mon chevet... Que demander de plus ?
Je fus littéralement scotché par ce qu'elle venait de dire. Richard se rendit compte de mon malaise et me regarda avec insistance avant de dire à Lou :
- Repose-toi, on va aller prendre un café.
Il se leva et me fit signe de le suivre dans le couloir.
- Ne fait pas cette tête, me dit-il.
- Quelle tête ?
- Celle-là.
Je ne répondis rien. J'attendais de voir où il voulait en venir, même si je savais très bien que cela avait un rapport avec ce que Lou venait de dire.
- Elle est amoureuse de toi, déclara-t-il.
- Non, c'est l'anesthésie, elle est un peu shootée et elle ne se rend pas compte de ce qu'elle dit.
- Elle t'aime depuis le début.
- Ne dis pas de connerie !
- Écoute Till, s'emporta Richard. À son retour des tournages aux États-Unis, j'ai du la ramasser à la petite cuillère quand elle a su que tu étais retourné avec Petra.
Je ne pouvais pas croire ce qu'il disait là, Ça n'avait aucun sens ! Je pensai à haute voix :
- Elle a montré tellement d'indifférence à cela. Elle m'a souhaité d'être heureux avec Petra. Et ça m'a blessé putain !
- Tiens donc, toi blessé ! Je croyais que c'était juste une histoire de cul...
- Non, c'était bien plus... Et sa réaction m'a fait mal putain !
Je n'arrivais pas à réfléchir ni à croire Richard. Je pris mon visage dans mes mains. Il se mit à rire. Je pensai qu'il perdait les pédales, mais il dit :
- Votre situation est tellement drôle !
- Je ne vois pas en quoi...
- Vous vous rendez malheureux parce que vous avez été incapables de vous dire ce que pour ressentiez l'un pour l'autre. Tout cela parce que tu es trop fier et qu'elle est autant orgueilleuse que toi !
Je me mis à rire moi aussi, Je n'étais pas sûr de comprendre, j'avais l'impression de devenir fou. Je ne sais pas si c'était la fatigue, le choc de la révélation que Richard venait de me faire, ou si c'était simplement parce que j'étais malheureux. Je me laissai glisser contre le mur pour m'assoir par terre, la tête dans les mains. Je riais. Richard s'assit à côté de moi et me posa une main sur l'épaule. J'avais honte de me laisser aller de cette manière surtout devant témoin. Je parvins finalement à me calmer. Au bout d'un moment, Richard finit par rompre le silence :
- Je ne sais pas ce que tu comptes faire, je suppose que tu ne le sais pas toi même... Jure-moi simplement que tu ne révèlera pas notre conversation à Lou. Elle me tuera sinon...


J'avais repris mes esprits. J'essayais de le convaincre de rentrer à l'hôtel pour dormir quelques heures. Je veillerai sur Lou pendant son sommeil, elle aurait besoin de lui à son réveil.
- Je ne pense pas qu'elle ai envie de te voir avec une tête pareille.
Il accepta de rentrer. Je retournai dans la chambre. Lou dormait profondément. Je m'assis à côté d'elle et la regardais un moment en lui caressant doucement la main. Je finis par m'endormir, la tête posée sur le drap.
Il me semblai que je venais juste de fermer les yeux quand la voix de Lou me réveilla :
- Till ? Till, réveille toi...
Je redressai la tête et ouvris les yeux. Ma nuque était douloureuse. Le jour pointé déjà à travers les stores.
- Bonjour, dis-je
- Salut...
Elle avait de petits yeux. Le bleu sur sa joue et son coquard étaient plus sombres. Je la trouvai belle malgré cela.
- J'ai deux services à te demander, dit-elle.
- Je t'écoute.
- D'abord... elle hésita. Je crois que le sang ne circule plus dans ma main, dit-elle en baissant les yeux sur son bras se trouvant de mon côté.
Je baissai mon regard sur sa main. Je la serrais dans la mienne. J'avais du la prendre dans mon sommeil. Je la lâchai, gêné.
- Excuse-moi...
- Ce n'est rien, dit-elle visiblement gênée elle aussi.
- Et le second service ? Demandai-je précipitamment pour changer de sujet.
- Pourrais-tu m'aider à me lever. Je ne vais pas y arriver toute seule, j'ai trop mal au côté.
- Te lever pour faire quoi ?
- Devine.
- Excuse-moi, ce que je peux être con parfois...
Elle redressa le dossier du lit à l'aide de la télécommande posée à son chevet. Elle était désormais droite. Je m'approchai pour l'aider. Elle passa son bras autour de mon cou. Nous étions presque joue contre joue. Elle sentait la Bétadine. Je la sentis retenir son souffle et je l'aidai à se redresser. Elle poussa un petit gémissement de douleur.
- Ca va ? demandai-je.
- J'ai eu des jours mieux...
On recommença l'opération afin qu'elle puisse se mettre debout.
- Tu n'as pas la tête qui tourne ?
- Non, c'est juste que j'ai mal...
Elle commença à marcher doucement s'appuyant sur le support pour les perfusions. Je restai à côté d'elle. Je lui ouvris la porte de la salle de bain.
- Je crois que je vais me passer de ta compagnie pour ce que j'ai à faire...
Je ris. Elle entra dans la petite pièce et appuya sur l'interrupteur. Elle se figea. Le miroir accroché au mur en face lui renvoyait sa propre image. Son regard s'assombrit, ses yeux devinrent humides, mais elle ne pleura pas. Elle était en colère.
- Elle ne m'a pas loupé cette salope...
Elle examinait ses blessures. Je me sentis mal à l'aise. J'essayai de la réconforter :
- D'ici quelque temps cela ne se verra plus.
- D'accord pour les bleus. Mais la cicatrice...
Elle était dans cet état en partie par ma faute... Elle du sentir mon malaise car elle dit :
- Remarque, les cicatrices ça donne de la personnalité, mais sans sourire vraiment.
Elle resta aux toilettes au moins cinq minutes. Je commençai à m'inquiéter quand elle ouvrit la porte.
- Till, tu peux téléphoner à Richard. Il faudrait qu'il m'apporte des affaires. J'ai absolument besoin de me brosser les dents et de prendre une douche.
- Ce n'est pas la peine de l'appeler, je suis aller chercher quelques affaires à toi cette nuit.
- Vraiment ?
Je lui apportai sa trousse de toilette. Alors qu'elle se brossait les dents, je pu voir le côté de son dos meurtrit, bleu, la blouse d'hôpital ne fermant qu'au niveau de la nuque.
- Tu me mattes les fesses ? s'exclama-t-elle, du dentifrice plein la bouche en me regardant à travers le miroir.
- Non, pas du tout ! Excuse-moi.
Le rouge me monta aux joues. Cela la fit sourire. Puis on frappa à la porte et entra sans attendre. C'était une infirmière qui se mit à vociférer lorsqu'elle vit que Lou était debout. Elle nous traita d'irresponsables. Mais Lou ne se laissa pas faire :
- Ce qui aurait été irresponsable, c'est qu'il me laisse me pisser dessus !
L'infirmière fut estomaquée. Elle comprit qu'elle était tombée sur plus forte qu'elle. Cela me fit sourire. Elle aida Lou à se recoucher.
- Je vous mets des calmants et des antibiotiques en intraveineuse, ils seront passés d'ici une demi-heure.
- Quand vais-je pouvoir prendre une douche ?
- Quand les médicaments seront passés, vous sonnerez et je viendrai boucher votre cathéter.
- Merci.
Je m'assis sur le fauteuil prêt de la fenêtre. Lou s'assoupit, les calmants devaient faire effet. Je la regardais dormir en repensant à la conversation de la nuit que j'avais eu avec Richard. Les choses me paraissaient plus claires. Je pris la décision de rompre avec Petra dès que nous serions de retour à Berlin. Était-ce vraiment la peine de jouer cette comédie de couple parfait ? Je la trompais, elle faisait de même de son côté. Et les moment que nous passions ensemble ne nous rendaient pas spécialement heureux.
Elle dormit environ une heure puis, à son réveil, appela l'infirmière. Cette dernière arriva rapidement et autorisa Lou à prendre une douche.
- Aussi têtue que vous avez l'air vous allez avoir besoin de moi pour vous habiller. Alors dites à votre ami de sonner quand vous aurez terminé.
- Très bien.
L'infirmière s'en alla et Lou me demanda de prendre des vêtements propres dans sa valise.
- Alors comme ça tu as fouillé dans mes petites culottes ?
J'étais gêné et à la fois très heureux qu'elle fasse preuve d'humour malgré la situation. Je rétorquai :
- Je t'ai vu nue à plusieurs reprises...
Elle ne trouva rien à répondre et fit des yeux ronds. Je pensai être allé trop loin, mais elle dit :
- Till : 1 – Lou : 0

Elle resta presque une heure dans la salle de bain. Alors que l'infirmière l'aidait à s'habiller Richard et Schneider firent leur entrée dans la chambre.
- Où est-elle ? demanda Richard.
- Dans la salle de bain, une infirmière est avec elle.
- Comment va-t-elle ?
- Elle souffre. Ce matin elle a encaissé le coup en voyant l'état de son visage...
- Elle est si amochée que cela ? demanda Schneider.
- Elle va avoir une grande cicatrice sur la tempe.
Richard m'expliqua que les flics allaient venir m'interroger, ainsi que Lou. Ils avaient embarqué l'hystérique de la veille. Notre manager avait porté plainte au nom du groupe. Puis Christoph aborda un autre sujet :
- Avec Flake on se demandait s'il ne fallait pas annuler le concert de ce soir, vu ce qu'il s'est passé...
- Lou refusera catégoriquement qu'on annule quoi que ce soit, dit Richard.
- En tous pas pas d'after.
- Ca d'accord...
- Je me dis que si on monte sur scène ce soir elle va penser que ce qui lui est arrivé nous est égal... argumenta Schneider.
- Dis lui que nous annulons le concert de ce soir... Je sais déjà ce qu'elle va répliquer : « c'est une blague ? ». C'est la réponse qu'elle me fait toujours lorsqu'elle estime que j'ai une idée stupide, objecta Richard.
L'infirmière sortit de la salle de bain. Elle nous dit que Lou était prête et nous demanda de l'obliger à se déplacer le moins possible. Derrière elle, Lou levait les yeux au ciel. Une fois la soignante partie, elle salua Schneider et Richard. On l'aida à se remettre au lit. Elle ne se plaignait pas, mais les traits de son visage exprimaient la douleur qu'elle ressentait.
Schneider parla du projet d'annuler le concert de ce soir.
- Vous rigolez j'espère, dit-elle en nous regardant tour à tour.
Cela me fit sourire. Schneider était exaspéré mais le sujet été clos.

Deux inspecteurs de police vinrent pour enregistre mon témoignage et le dépôt de plainte de Lou. Puis ce fut au tour du chirurgien de faire son apparition. Lou pourrait sortir d'ici quatre jours.
Tout à coup la fatigue s'empara de moi. Il était presque midi et je n'avais dormi que quelques heures. Si nous devions monter sur scène le soir, il me fallait absolument un peu de repos. Je dis au revoir à Lou.
Arrivé dans ma chambre d'hôtel je m'effondrai sur le lit et m'endormis aussitôt.



La suite ? On se retrouve ici !

Nur Götter dürfen uns berühren - 13

Le chapitre 12 est par , et la fiction commence ici.


J'avais fini par m'endormir sur le canapé, l'enfant contre moi. C'est Lou qui me réveilla alors que la lueur de l'aube passé à travers les rideaux du salon. Lou souriait. Adam n'avais pas bougé et dormait toujours à points fermés.
- Ça va ? Demanda-t-elle.
- Oui.
Le manuscrit de Till était tombé sur le tapis. Elle le ramassa, caressant brièvement du bout des doigts les lignes d'écriture. Puis elle posa la cahier sur la table basse.
- Je n'ose pas bouger, dis-je, j'ai peur qu'il se réveille.
- Il ne va pas tarder à réclamer à manger de toute façon.
Elle embrassa la joue rebondie de son fils puis déposa ses lèvres sur mon front. Alors qu'elle se penchait vers moi, sa nuisette laissa entrevoir ses seins. Je fermai immédiatement les yeux parce que je sentais déjà des picotements dans mon bas ventre.
Alors qu'elle préparait le petit déjeuner dans la cuisine Adam se réveilla. Il pleura à peine, réclament qu'on le nourrisse. C'est Lou qui lui donna le biberon en même temps que nous déjeunions.

Quelques heures plus tard, nous arrivions dans la cour arborée de la clinique où se trouvait Paul. Je portais l'enfant, Lou marchait devant. Il faisait déjà chaud en cette fin de matinée, mais l'atmosphère était agréable sous les feuillages des chênes et des platanes. Paul était toujours assis sur le même banc, un livre ou le journal à la main. Mais je fus surpris de le voir avec sa guitare ce matin là. Lou aussi, elle se retourna vers moi avec un grand sourire avant d'accélérer le pas pour rejoindre Paul. Le visage de ce dernier s'illumina quand il la vit. Il posa sa guitare sur le banc et se leva pour la serrer dans ses bras.
- Ce que je suis content de vous voir, dit-il.
- Et moi alors ! Et te trouver là une guitare à la main, ça me fait tellement plaisir.
Pour toute réponse il se contenta de sourire. Il se tourna alors vers moi, me donnant une tape sur l'épaule pour me saluer.
- Salut Richard.
Je le saluait et lui tendis Adam. Paul le prit délicatement dans ses bras et posa un baiser sur son front.
- Salut toi, dit-il. Ce que tu as grandit depuis la dernière fois. Tu ressemble de plus en plus à ton papa.
Adam souriait et gazouillait dans les bras de Paul.
- Tu as l'air en forme, dit Lou.
- Oui, je vais mieux. Si cela continu comme cela je serait sorti d'ici deux à trois semaines.
- Ça c'est une excellente nouvelle ! m'exclamai-je.
Il sourit, pas du sourire triste auquel il nous avait habitué depuis quelques mois, pour garder la face. Mais de son sourire d'avant, avec ses yeux pétillants, sa malice et sa bonne humeur qui éclairait la pièce dans laquelle il entrait. Puis il se tourna vers Lou :
- Et toi, comment vas-tu.
Elle sourit, mais ses yeux à elle restaient toujours mélancoliques.
- J'ai recommencé à faire des tournages et ça me fait du bien. Puis, il y a Adam, je me dois d'être forte pour lui... Et heureusement que Richard est là, je ne m'en sortirais pas sans lui.
Elle s'arrêta quelques secondes avant d'ajouter :
- Till me manque toujours terriblement...
Une larme glissa sur sa joue. Paul me donna le bébé pour prendre Lou dans ses bras.
- Il me manque à moi aussi, lui dit-il dans le creux de l'oreille, mais je te promets que ça va aller. On est une famille, on est là les uns pour les autres et c'est tout ce qui compte.

Un peu plus tard Lou était partie changer le bébé. Nous nous retrouvions tout les deux. Je regardais sa guitare et il me dit :
- Quand le médecin m'a dit que je pourrai sortir d'ici quelques semaines, je me suis dit qu'il fallait que je m'y remette. Je ne m'en était pas rendu compte mais cela m'avait manqué. La musique, c'est toute notre vie, non ?
- Oui, dis-je en souriant.
Alors je lui racontait la conversation de la veille que j'avais eu avec Flake et Schneider.
- Tu n'as pas l'air convaincu, dit Paul une fois que j'eus terminer de lui raconter ce projet de reprendre Emigrate.
- C'est pas que je ne sois pas convaincu, répondis-je, mais je me demande si ce n'est pas trop tôt. Je sais que se remettre à composer est la meilleure chose à faire, mais je dois bien avouer que l'idée de se retrouver seulement à cinq me fait flipper.
- Oui, je comprends. Moi aussi ça me fait peur, mais que pouvons-nous faire d'autre ? Flake à la peinture, Ollie la photo, mais nous deux, et Schneider, qu'est-ce qu'il nous reste ? Sans projet que va-t-on devenir ?
- Je n'en sais rien Paul...
- Je vais te le dire ce qu'il va se passer : j'aurais passer des mois ici pour rien, parce que je vais me remettre à boire, par ennui. Et ça je ne veux pas, j'ai trop souffert, j'ai failli perdre Bianca, je me suis éloigné de mes enfants... Je veux me battre maintenant, j'ai repris des forces et je commence à faire le deuil de Till, de Rammstein. Mais sans projet, sans musique, je n'y arriverai pas. Bien sûr que j'ai peur moi aussi qu'on se retrouve tous les cinq à contempler la sixième place restée vide. Mais bordel, on est soudés, en plus de vingts ans on en a traversé des tempêtes, et on les a toujours surmonté ! Puis je vais aussi te dire une chose, qu'on le veuille on non, on est en partie responsable de Lou et d'Adam. Je vois bien dans ses yeux à quel point c'est difficile pour elle de surmonter cette perte. Pourtant elle s'est remise au travail, elle veut aller de l'avant, sortir la tête de l'eau. Nous devons l'aider et nous l'aiderons en faisant des projets nous aussi.
Je ne m'attendais pas le trouver si revandicateur. Il avait de la rage au fond du cœur, une rage de vivre, de s'en sortir. Il reprit :
- Tu sais, quelques semaines avant sa mort, Till m'a dit : « Je ne veux pas vous mettre le pression, mais vous avez intérêt à ne rien lâcher les mecs. ». Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire. « La musique : n'abandonnez pas, c'est ce qui nous a sorti des petite vies insipides qui nous étaient promises. C'est ce qui nous a toujours guéri ». Richard, je me souviens de sa phrase au mot prêt. Tu sais très bien que je ne crois pas au fait qu'il puisse encore nous entendre ou nous voir de là où il est, c'est des conneries, quand on est mort, on est mort, c'est comme ça. Mais j'ai besoin de tenir ma promesse, et j'ai besoin de vous quatre pour m'aider à la tenir.
- On la tiendra cette promesse Paul, je te le garantis.


La fiction se poursuit ici.

Nur Götter dürfen uns berühren - 12

La fiction commence de ce côté et le chapitre précédent est ici. Bonne lecture.


Cette foutue période ou Till jouait le couple modèle avec Petra... Lou tentait de faire comme si tout allait bien. Mais c'était de la poudre aux yeux. L'insomnie la tenaillait, alors elle sortait chaque soir, dans les bars et les clubs. L'alcool, la musique, les hommes autour d'elle, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour ne pas affronter ses pensées. Elle ne rentrait jamais seule, enchainant les conquêtes d'une nuit. Je savais tout ça parce que les cernes sous ses paupières étaient trop marquées pour que je ne mène pas mon enquête. Alors, plusieurs soirs, je me tenais en planque en bas de son immeuble. Elle sortais aux alentours de vingt-trois heures minuit en général, bien maquillée, habillée trop sexy et perchée sur des talons hauts. Je ne rentrais jamais dans les établissements, je ne voulais pas me faire prendre, alors je restais dans ma bagnole. Au bout de quelques heures elle sortait au bras d'un mec. Vieux, jeunes, blonds, brun, elle ne se refusait rien.
Je savais que de rester là à attendre dans ma voiture ne changerait rien à ce qu'il se passait. Ça avait aussi un côté carrément masochiste, j'avais tellement de peine de la voir se faire autant de mal. Mais c'était l'instinct protecteur du père qui me guidait.
Un soir, pendant cette période, j'avais rendez-vous avec Nina, une petite belge qui tentait de faire carrière dans le mannequinat et que j'avais rencontré sur la tournée précédente. On restait en contact et on se voyait de temps en temps quand elle était de passage à Berlin. Je l'aimait bien Nina, si bien que parfois je prenait l'avion jusqu'à Bruxelles pour passer quelques jours avec elle. Puis, avec les années, cela avait commencé à devenir sérieux... Bref, elle était de passage à Berlin et nous passions la soirée tous les deux. Je pensais que sa présence m'apaiserait, que pour un soir je ferais autre chose que de m'inquiéter pour Lou. Ce que je pouvais être naïf ! Pas une seule seconde mon esprit oublia Lou. Si elle se faisait agresser ? Si elle avait un accident de voiture ?
Cette comédie devenait absolument insupportable. Il me semble que je ne supportais pas cela plus de deux semaines. Un matin, alors que j'avais passé la lui à la suivre puis à attendre en bas de chez elle que le mec s'en aille, je montai jusqu'à son appartement. Elle m'ouvrit à moitié nue, les cheveux en bataille et pas démaquillée de la veille.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Demanda-t-elle, la bouche pâteuse.
- Fais tes valises : ont part en vacances. Ne discute pas, je ne suis pas d'humeur.
Elle de discuta pas. C'est la première fois qu'elle me vit aussi en colère. Et contre elle en plus. Elle alla à la douche alors que je préparais du café.
Derrière sa tasse fumante elle demanda :
- Où va-t-on ?
- Je n'en sais rien. Un pays chaud, je n'en peu plus de la grisaille berlinoise.
Elle fila faire ses valise.
- Combien de temps allons-nous resté là-bas ? Cria-t-elle depuis la chambre.
- Le temps qu'il faudra pour que tu ailles un peu mieux... Jusqu'au début des répétitions s'il le faut.
Après être passé à mon appartement où je fis moi aussi mes valises, nous nous retrouvions à l'aéroport de Berlin, dans la première agence de voyage que j'avais trouvé.
- Nous voulons partie immédiatement vers une destination où il y a du soleil, des palmiers, la plage, tout ça quoi.
La jeune femme un peu ronde avait fébrilement tapé sur son ordinateur. Elle nous proposa la République Dominicaine : un vol dans un peu moins de trois heures, elle pouvait réserver l'hôtel et le transfère depuis l'aéroport.
- Par contre il reste seulement des ses sièges en Business Class.
Elle fut surprise quand je lui dit immédiatement que c'était d'accord, sans consulter Lou. Remplir les formalités me parut durer une éternité... Mais quelques heures plus tard l'avion quittait enfin le sol berlinois.
Lou s'était endormie recroquevillée sur son siège. On aurait dit une enfant. En la voyant là, personne n'aurait pu deviner qu'elle pouvait être une femme de caractère, capable de diriger une équipe de tournage. Le père, que j'étais, finalement, était fière de lui, fière d'avoir agi. Ce n'était pas ma fille, ni ma petite sœur, mais je me sentais responsable d'elle et à cet instant je savais que j'avais fait le bon choix. C'est avec un immense soulagement que je m'endormis moi aussi, après toutes ces nuits blanches passées dans l'angoisse. Je dormis si bien que c'est l'hôtesse de l'air qui me réveilla pour l'atterrissage. Elle du réveiller Lou aussi.
Nous passions une quinzaine de jours merveilleux, sur la plage, nous faisant dorer au soleil, nous baignant dans une mer si chaude... Lou resta taciturne pendant quelques jours, mais elle se laissa aller à ce rythme de vie hors du temps, se remettant à manger, à sourire puis à rire aussi. Je retrouvais l'amie complice et drôle que je connaissais, qui riait au éclat lorsqu'on nous prenait pour un couple, c'est à dire plusieurs fois par jours.
Étendu sur la plage, je regardais Lou sortir de l'eau. Elle portait un maillot de bain deux pièces bleu marine qui lui allait à ravir. Sa peau avait prit un jolie hâle et son corps mouillé brillait au soleil. Elle marchait vers moi avec son petit sourire diabolique.
- Ne fais pas ce que tu as l'intention de faire, lui dis-je sur un ton faussement autoritaire.
Elle rit. Et elle fit exactement ce que j'avais pressenti : arrivée à ma hauteur elle essora ses longs cheveux au dessus de moi. Je me mis à lui courir après.
- Tu vas voir, toi !
Elle riait aux éclats en courant jusqu'à la mer.

Quelques jours plus tard, assis l'un à côté de l'autre dans l'avion, elle me remercia :
- Je suis reconnaissante de ce que tu as fait Richard. Je te promets que je vais aller mieux, que je ne me laisserai plus aller à mon chagrin. Ces deux semaines avec toi m'ont permis de me rappeler qu'on ne vit qu'une fois, et que la vie est bien trop courte pour se laisser envahir par le peine... Je sais que cela ne va pas être facile, mais je te promets que je vais bien vivre la tournée de mon côté aussi.
Elle fit une chose que j'adorais par dessus tout : comme une enfant, elle me prit par le cou et déposa un baiser sur ma joue.

Elle tenu sa promesse. Quelques temps plus tard la tournée démarrait et le groupe retrouva la photographe professionnelle et l'amie enjouée qui l'avait suivit pendant la période d'enregistrement et de composition de l'album. Elle passait du temps avec Ollie. Les deux passionnés de photos passait leurs après-midi avec leurs appareils à capturer les techniciens de la tournée au travail ou dans les villes où nous nous produisions à prendre les monuments, les rues, les gens, les paysages.
Je crois que ça rendait Till malade. Il n'était pas vraiment dans son assiette. Je ne veux pas dire qu'il était mauvais sur scène, c'est faux. Les concerts étaient les seuls moments où il se débarrassait de son air mélancolique : il était véritablement la bête de scène qu'il paraissait. Mais une fois les projecteurs éteints, il redevenait l'artiste maudit. Pendant les afters il se mettait à agir comme à nos débuts : trop d'alcool, trop de filles. Un soir alors qu'il était ivre, il s'avança vers Lou et Ollie en pleine discussion. On échangea un regard Flake et moi, on avait peur de ce qui allait se produire et on s'avança derrière lui. Le sourire sur le visage de Lou s'effaça quand elle le vit arrivé dans leur direction. Il s'adressa à Ollie :
- Fais attention à ne pas tombé amoureux d'elle, dit-il.
Ollie paru perplexe. Il hésita un seconde avant de répondre en riant, de manière un peu forcée :
- Ne dis pas de bêtises.
Il se tourna alors vers Lou et posa sa main sur la nuque de la jeune femme, caressant sa joue avec le pouce. Elle prit une profonde inspiration, son malaise était palpable. Flake posa une main sur l'épaule de Till qui dit à l'attention d'Ollie mais en regardant Lou dans les yeux :
- Je ne dis jamais de bêtises.
- Hey Till, dit Flake sur un ton détaché mais en le tirant par l'épaule, tu viens boire un verre ?
Il ne résista pas et suivit Flake.
- Que se passe-t-il ? Me demanda Ollie.
Je n'eus pas le temps de répondre. Lou dit sur un ton détaché elle aussi :
- Rien. Il a trop bu et il est jaloux que tu sois en compagnie d'une si jolie fille !
Ce qu'elle jouait bien la comédie ! Si je n'avais pas connu la situation je l'aurais cru moi aussi. Elle et Ollie rirent. Je fis de même, un peu à contre temps, mais il ne s'en rendit pas compte.

Ollie, Paul et Schneider n'étaient pas dupes. Le lendemain matin je prenais mon petit-déjeuner avec eux au restaurant de l'hôtel. Ils discutaient de la scène qu'avait fait Till la veille. Je ne prenais pas part à la conversation. Puis Schneider m'interpella sur un ton inquisiteur :
- Qu'est-ce que t'en penses Richard ?
- Je... bafouillai-je, j'en sais trop rien... Till peut se montrer exaspérant quand il a trop bu...
Tous les trois échangèrent des regards. Je fis comme si de rien n'était, fixant mes saucisses grillées et mon œuf sur le plat dans mon assiette.
- Tu sais, dis Schneider, on est pas complètement débiles. On sait très bien que quelque chose c'est passé entre Lou et Till et que Flake et toi êtes au courant. Personnellement je ne veux pas savoir de quoi il est question, même si je me doute bien que c'est une histoire cul, alors arrête de faire semblant.
- Je ne vous prends pas pour des idiots du tout...
- On le sait, dit Paul, c'était juste une manière de dire que c'est pas la peine de jouer la comédie avec nous.
- Ouais...
- Je tiens quand-même à souligner que Lou est une sacrément bonne comédienne, dit Ollie.
- C'est sûr qu'elle est meilleure comédienne que Richard qui bafouille lorsqu'il est prit au piège, dit Schneider en riant. Je lui donnai un coup de point dans l'épaule alors que le deux autres riaient.

La suite ? C'est ici que ça se passe.

samedi 10 mai 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 11

Pour lire le chapitre 10 c'est par . Sinon, le début de la fiction se trouve ici.


Petra et moi étions arrivés les premiers chez Sarah et Schneider. À dire vrai, je ne me sentais pas très bien, comme si quelques chose dans ma gorge m'empêchait de déglutir. La réalité de devoir affronter le regard de Lou et de lui présenter Petra s'imposait à moi. De plus, cette dernière avait élu domicile chez moi et me suivait dans tous les déplacements. Bref, sans que je le décide vraiment nous étions un couple « officiel ». En plus, les autres n'aimaient pas vraiment Petra. C'est vrai qu'elle n'avait jamais vraiment eu le sens de l'humour et prenait un peu tout le monde de haut...
Schneider nous ouvrit.
- Bonsoir. Comment allez-vous ?
- Salut, répondis-je en lui donnant une accolade. Pas grand chose de neuf depuis tout à l'heure...
Il fut moins chaleureux avec Petra.
- Salut Christoph, je suis contente de te revoir.
- Ne m'appelle pas Christoph, s'il te plait...
Je savais qu'il mourait d'envie d'ajouter que lui n'était absolument pas enchanté de la revoir. Mais il avait décider d'être de bon humeur, sans doute pour que la soirée de Sarah se passe le mieux possible. Il prit nos manteaux et nous invita à entrer dans la salle à manger. La table était dressée, Sarah avait sortit jolie service et les chandeliers.
- Où est la reine de la soirée ? demandai-je à Schneider.
- Elle fini de se préparer, me répondit-il. Elle a passé toute la journée aux fourneaux...
Sarah adorait cuisiner et c'était toujours un régal lorsqu'elle nous invitait. Elle fit alors son apparition, resplendissante dans une robe bustier rouge, les cheveux relevés en un chignon.
- Bonsoir Till, dit-elle en me prenant dans ses bras.
- Bon anniversaire Sarah. Tu es resplendissante.
- Merci.
Elle salua également Petra. Je lui tendis son cadeau.
Sarah collectionnait les livres anciens et je lui avait trouvé l'édition originale de la première traduction allemande des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Petra trouvait que c'était une idée stupide et elle avait écarquillé les yeux, trouvant le prix exorbitant pour un livre aillant plus d'un siècle. Je n'avais même pas tenté de lui expliquer...
- Les cadeaux c'est pour le dessert ! S'exclama Christoph en lui prenant le paquet des mains.
La sonnette retentit. Flake arrivait seul, un immense paquet dans les bras. Il salua tout le monde et ce fut à Paul et Bianca de passer le pas de la porte. Paul, toujours très enthousiaste sera tout le monde dans ses bras, y comprit Petra. Bianca était aussi enjouée que lui, et je ne pus m'empêcher de penser, comme à chaque fois que je les voyais ensemble, qu'ils s'étaient bien trouvés. Bianca était styliste, elle tendit une immense boite estampillée Dior à Sarah, fermé par un ruban de satin rose.
Nous étions tous installés sur les divans et fauteuils du salon quand Ollie et Alysson arrivèrent.
- Désolés pour le retard, s'excusa Alysson, mais Lilly a organisé une soirée pyjama avec ses amies et il fallait lui donner les dernières instructions...
Lilly était la fille unique d'Ollie et d'Alysson. À quatorze ans, en pleine crise d'adolescence, elle voulait qu'on la considère comme une adulte mais téléphonait à sa mère pour savoir comment fonctionnait le micro-ondes.
- Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas les derniers, dit Schneider. Bien évidement Richard est en retard, mais je me demande si Lou va correctement représenter son pays et faire pire que ce cher Richard...
Tout le monde rit, sauf Petra qui ne connaissait pas Lou, mais elle ne me posa aucune question. On frappa à la porte. Tous lancèrent des paris sur l'identité de la personne se trouvant sur la palier.
- C'est Lou, dit Flake, Richard est pire que le pire des français !
- Ce n'est pas possible ! s'exclama Schneider.
- On parie ?
- Cinquante euros, misa Schneider.
- Je mise sur Lou, annonça Paul.
Puis nous attendions tous dans le silence. Sarah cria depuis l'entrée :
- Vous avez tous perdu, ils sont là tout les deux !
Ceci déclencha l'hilarité générale. Richard paru le premier, un immense bouquet dans les tons roses à la main. Il le tendit à Sarah en lui souhaitant un joyeux anniversaire. Puis il embrassa les femmes présentes.
- Et nous, demanda Flake, on pue ?
- Ne m'oblige pas à répondre, dit Richard. Disons qu'on s'est déjà vu cette après-midi.
C'est alors que Lou fit son apparition, un peu intimidée par tout ce monde. Mon sang ne fit qu'un tour. Elle était resplendissante. Elle salua tout le monde. Sarah, Bianca et Alysson étaient ravies de la revoir. Ce qui me fit sourire. Quand les gars leurs avaient annoncé qu'un photographe allait partager notre quotidien pour l'enregistrement de l'album et le reste, et que ce photographe était de sexe féminin, elles avaient toutes décidé de haïr Lou, par principe. Et elles avaient toutes changé d'avis en faisant sa connaissance en Californie, à la fin de l'enregistrement de l'album. Lou s'était liée d'amitié avec elles.
Arrivée à ma hauteur, elle me colla deux bises comme elle avait fait avec les autres. Son odeur s'empara de moi et le contact de son visage contre le mien ravivèrent le souvenir de nos nuits d'amour. Elle sera la main de Petra et dit :
- Enchantée.
- Vous êtes la nouvelle petite amie de Richard ? demanda Petra.
Lou rit et répondit :
- Non, je ne suis pas complètement irresponsable ! 
J'expliquai à Petra qui était Lou.
Tout le monde était enjoué et la soirée promettait d'être joyeuse. Alors que nous finissions nos verre en écoutant Paul raconter une anecdote, je sentis un regard sur moi. À l'autre bout du salon, Lou, que je m'efforçais de ne pas regarder, avait posé ses yeux sur moi. Son regard était sans expression. Elle mit une seconde à se rendre compte que je la fixais aussi et détourna les yeux.
Il fut temps de passer à table. Sarah nous plaça, les couples l'un en face de l'autre. Et par je ne sais quel miracle, je me trouvais à côté de Lou, Petra en face de moi. Flake était assis face à Lou. Richard était heureux de présider l'assemblée. Je ne pouvais pas être plus mal à l'aise. Il y avait une tension entre Lou et moi. Pour la dissiper je décidai d'entamer le conversation avec elle.
- Alors, ces tournages de clips aux États-Unis se sont bien passés ?
- Oui, cela a été un mois intensif de travail, mais je suis heureuse de mes réalisations.
Je me foutais pas mal de ces clips qui l'avaient emmené loin de moi ! Comme toujours dans mes relations amoureuse j'avais été incapable de réfléchir autrement qu'avec ma queue, et rien ne prenait le tournant que j'espérais. Lou me fit sortir de mes pensées en se levant pour aider Sarah et Christoph à servir les entrées. Je tentais de m'intégrer à la discussion générale pour ne plus penser. À rien.
Comme toujours lorsque Sarah cuisinait, le repas était copieux et raffiné. Lou n'arrivait pas a terminer son assiette et le proposa à Flake qui l'accepta volontiers.
- Tu manges comme quatre et tu dois peser le même poids que moi ! s'exclama Lou en lui tendant son assiette.
- N'exagère pas, répondit Flake en riant. Je dois bien faire dix kilos de plus que toi. Par contre je reconnais que je mange beaucoup sans prendre un gramme...
- Si je mangeais les mêmes quantités que toi je deviendrais obèse en moins de six mois, affirma Paul.
- La vie est si injuste... plaisanta Flake.
En riant, je baissai les yeux. Je fut interpellé par les jambes de Lou. En enlevant la serviette posée sur ses genoux, elle avait relevé sa robe sur ses cuisses, laissant apparaître le haut de ses bas. Je détournai rapidement le regard mais cette vision eut un effet immédiat, provocant une tension dans le bas du ventre. Heureusement elle se leva pour débarrasser les assiettes vides. Petra me dit quelque chose. J'acquiesçais sans l'avoir écouté.
Ce fut le moment du dessert. On éteignit les lumières et Schneider arriva avec un énorme gâteau chargé de bougies. Lou avait sortit son appareil et prenait des photos. Sarah ouvrit ses cadeaux. Elle fut très heureuse de l'édition originale des Fleurs du Mal, et Petra leva les yeux au ciel. Flake lui avait offert l'une de ses toiles représentant une rue de Berlin. De la part de Paul et Bianca elle reçu une robe de la dernière collection Dior qui fit s'extasier toute le gente féminine. Alysson, qui travaillait pour la même marque lui avait choisit les escarpins assortis. Sarah fini par ouvrir le présent de Lou : il s'agissait d'un très beau cliché en noir et blanc qu'elle avait probablement prit en Californie l'été précédent.
Sarah fit le tour de la table afin de remercier tout le monde.
- Cette photo est magnifique, cela me touche beaucoup, dit-elle à Lou.
- Au fait, dit Richard, Schneider ne t'a pas fait de cadeau ?
Sarah et Christoph échangèrent un regard complice.
- Il m'a fait le plus beau des cadeau, dit-elle.
Elle tendit sa main gauche au dessus de la table pour nous faire admirer le diamant qui ornait son annulaire.
- … Il m'a demandé en mariage !
Il y eu une demi seconde de silence, traduisant la surprise de tous, avant une explosion générale de joie. Nous levions nos coupes de champagne aux fiancés. J'étais franchement jaloux de leur bonheur. Je me rendis compte que la douleur que j'éprouvais à l'idée que Lou ne partage pas mes sentiments était plus forte que je voulais bien le penser.


 Petra et moi étions retourné à L. où nous menions une vie de couple modèle. Je m'ennuyais, plus encore, je me sentais malheureux, ne cessant de penser à Lou. Je me disais que le temps allait m'aider à estomper mes sentiments, peut-être même à les faire disparaître. Il restait encore un mois de libre avant de commencer les répétitions pour la tournée. Costumes, décor, dates, tout était déjà planifié. Je n'avais plus rien à penser, alors je m'efforçais de me convaincre que cette vie avec Petra me convenait et que le bonheur était sans doute cette routine. Pourtant, une voix que j'essayais de faire taire à tout prix ne cessait de me répéter le nom de Lou.


La suite ? On click ici !

Nur Götter dürfen uns berühren - 10

Le début de la fiction : ici, et la partie précédente .


Adam ne s'endormait pas. Il ne pleurait pas, comme toujours, mais je le gardais contre moi. Assis sur le canapé, je tenais le nourrisson d'une main et le cahier rédigé par Till de l'autre.

J'étais dans le camion de maquillage avec Flake. Lou avait décidé de faire la séance photos dans un hôpital psychiatrique abandonné depuis les années 1960, dans la banlieue berlinoise. Notre premier costume consistait a être en chemise et caleçon blanc, ainsi qu'avec des chaussettes et les porte-chaussettes... Autant dire qu'on allait à mourir de froid dans ce bâtiment glacial dont toutes les fenêtres avaient été brisées.
- Alors, tu retente le coup avec Petra ? demanda Flake.
- Oui.
- Comment cela se fait-il ?
- Comment ça ?
- Et Lou ?
- Oh... C'était juste comme ça...
Flake resta un moment silencieux. J'avais l'impression d'être interrogé par la Stasi... Je savais que j'étais coupable mais n'avais aucune envie de l'avouer.
- Tu disais ressentir des choses pour elle...
- Oui, mais j'ai bien fait de ne rien dire, et de ne pas me laisser aller à ces sentiments. Ils n'étaient pas partagés. Et c'est sans doute moins compliqué comme cela... Puis rien ne m'oblige à me justifier.
- Comment sais-tu qu'elle ne ressent rien ?
- Quand elle a su pour Petra et moi, elle m'a souhaitait d'être heureux avec elle...
La conversation concernant Lou s'arrêta là. Pour le moment, car je sentis que l'affaire n'était pas close pour Flake et qu'il avait encore des questions à me poser. Il avait beaucoup d'intuition quant aux sentiments humains, il savait très bien percer les autres à jour, se trompant très rarement.
Nous étions les deux derniers à sortir du maquillage. Je n'avais pas encore croisé Lou qui avait déjà fait les photos individuelles de Richard, Ollie et Paul. Elle était entrain de terminer avec Schneider. Flake et moi saluions les trois premiers à avoir terminé. Schneider nous rejoint au bout de quelques minutes. Il riait, ce qui était très surprenant, il détestait au plus haut point les séances photos d'habitude.
- Ca va ? lui demanda Flake.
- Très bien, répondit Schneider. Cette femme est extraordinaire, c'est la première fois de ma vie que je prends plaisir à faire des photos ! D'ailleurs, c'est à ton tour Flake, elle t'attends dans le montée d'escaliers.
Schneider enfila un peignoir pour se réchauffer et s'assit à côté de moi.
- Alors ? Grande nouvelle ! s'exclama-t-il.
- Comment cela ? demandai-je.
- Ne fait pas l'innocent ! Petra et toi, voyons...
- Ouais...
- J'ai le vague souvenir de toi entrain de jurer ne plus vouloir de cette femme dans ta vie, intervint Richard qui semblait de mauvaise humeur.
Je détestait quand il avait cette attitude. Je répondis sur la défensive, estimant que je n'avais pas à me justifier :
- Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis...
Paul qui détestait ce genre de conflit s'empressa de changer de sujet. Je lui en étais tellement reconnaissant, car je n'avais aucune envie de me disputer avec qui que ce soit ni continuer sur le sujet Petra.
Flake fit son apparition un vingtaine de minutes plus tard. Je rejoignis Lou dans les escaliers, glauques et glacials, de cette vieille bâtisse. J'avançais vers elle, elle me tournait le dos.
- Salut, dis-je alors qu'elle se retournait vers moi.
- Guten Tag, répondit-elle. Tu es prêt ?
Le « Guten Tag » en réponse à mon « Hallo » mit immédiatement un distance entre elle et moi. Ce n'était rien, elle disait souvent « Guten Tag ». « En fraçais on est beaucoup moins à l'aise avec le « salut » sue le « bonjour » »avait-elle dit un jour. Mais dans la situation présente...
Nous commencions par les prises de plein pied en plongée et contre plongée dans la montée d'escalier. Je prenais les poses comme je le sentais, elle me faisait parfois déplacé un main, modifier l'angle de mon visage ou la direction de mon regard. Pour être complètement franc, je me sentais mal à l'aise, un peu ridicule dans cette tenue et troublé par Lou que je trouvais encore plus séduisante que dans mon souvenir. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, et un boule me nouait le gorge. Je n'avais rien ressentis de tel. Lou termina par des portraits.
Elle appela Richard sur son portable pour demander de tous nous rejoindre afin de faire les photos en groupe. Je la suivis dans une salle où se trouvait une sorte de vieille chaise de dentiste et des lits en fer blanc. Elle donna quelques instructions à lassistant qui s'occupaient du matériel, puis en attendant l'arrivée des autres, elle regarda les clichés qu'elle venait de prendre sur le petit écran de son appareil. La tension entre nous été palpable. Je ressentais à la fois de la gène et une attirance indescriptible. J'accueillis l'arrivée des autres avec soulagement.
Après une trentaine de minutes passées en caleçon dans le froid, nous fîmes une pause avant d'enfiler des costumes plus chaudes, de style années 1930. Nous arpentions les différentes salles pour prendre des photos de groupe. Nous nous retrouvions sur le toit, Lou prit encore des clichés de nous six, puis en petits groupes puis elle fit des portraits. Elle terminait avec Schneider qu'elle avait fait assoir sur un bloc de béton.
- Tiens ton col contre ton visage, lui dit-elle.
- Comme ça ?
- Oui. Attends...
Elle s'approcha de lui et lui passa la main dans le cheveux pour les ramener sur son front. Cette proximité soudaine qu'il y eu entre eux deux déclencha en mois une vague de jalousie que je contins en serrant les dents. Je savais qu'il s'agissait d'un geste professionnel, mais j'étais comme cela, jaloux et possessif.
- Regarde l'objectif, s'il te plait, disait Lou.
Je m'éloignai, s'en était trop pour moi. Flake me rejoint.
- Alors ? demanda-t-il.
- Alors quoi ?
- Ce n'est pas trop difficile de travailler avec elle ?
- Pourquoi est-ce que cela le serait ?
- Après ce qu'il s'est passé entre vous...
- On est grand, rétorquai-je, on fait comme si rien ne s'était passé. On a reprit notre relation comme elle était avant... j'hésitai. Avant de coucher ensemble.
- C'est faux, affirma Flake, et tu le sais très bien. Vous ne vous adressez même plus la parole.
Je sentais la colère monter en moi. Qu'est-ce qu'il pouvait faire chier ! Une fois de plus, il avait pointé du doigt ce qui n'allait pas et je n'avais aucun argument pour me défendre.

Alors que nous nous dirigions tous vers les camions pour nous changer et nous démaquiller, Schneider nous rappela que Sarah et lui nous attendaient, nous et nos compagnes, chez eux pour fêter l'anniversaire de sa belle.
- Tu viens aussi, n'est-ce pas ? demanda-t-il à Lou.
- Oh, je ne veux pas m'imposer, répondit-elle gênée. Puis je vais bosser sur les clichés que nous avons fait aujourd'hui...
- Tu rigoles j'espère, coupa Schneider. Sarah serait très contrariée que tu ne vienne pas.
- Je ne sais pas trop...
- Ce n'est pas une question. Tu viens c'est tout !
Elle finit par accepter, de toute manière il était impossible de se dresser contre Schneider lorsqu'il prenait ce ton autoritaire. J'allais me retrouver dans une situation délicate. Arriver à cette soirée au bras de Petra, alors que c'était de Lou dont j'avais envie, et dont, il fallait se rendre à l'évidence, j'étais amoureux.

Après cette séance photo, Lou était en voiture en ma compagnie, nous étions en route pour chez elle afin qu'elle se change avant de nous rendre chez Schneider.
- Je n'aurais jamais du accepter d'y aller, dit-elle.
- Si ça ne va vraiment pas tu pourra toujours prétexter que tu es fatiguée et partir plus tôt...
- Je n'ai vraiment pas envie de la rencontrer, Elle... En même temps si j'appelle Christoph pour annuler il va mal le prendre...
- Ca va aller, je suis là...
Elle m'adressa un sourire.

Je frappai et entrai dans sa chambre, elle était entrain d'attacher son bas au porte jartels. Elle m'avait dit d'entrer sans réfléchir.
- Wouah !
Elle avait poser son pied sur le lit et remonter sa robe pour accrocher son bas. Évidement, cette image eut son petit effet. Je me mis à râler :
- Je sais que tu as tendance à l'oublier, mais je suis un homme, et ce genre de tableau ne me laisse pas indifférent, malgré le fait que je te considère comme une sœur...
- Excuse moi, dit-elle en couvrant ses jambes.
- Je peux prendre une douche ?
- Fais comme chez toi.
Je regardais le cliché sous verre qui était posé sur son lit : une photographies de Schneider et Sarah qu'elle avait prise en Californie l'été dernier. L'image les représentait dans les bras l'un de l'autre, Schneider ramenant une mèche des cheveux de Sarah derrière son oreille. L'effet du vent donnait un léger mouvement à sa robe et ses longs cheveux bruns. Elle avait prit le cliché sans qu'ils s'en rendent compte, capturant cet instant plein de tendresse et de beauté. Elle emballa le cadre dans un papier kraft afin de l'offrir à Sarah.
-File te doucher, on va être en retard !


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