Petra
et moi étions arrivés les premiers chez Sarah et Schneider. À dire
vrai, je ne me sentais pas très bien, comme si quelques chose dans
ma gorge m'empêchait de déglutir. La réalité de devoir affronter
le regard de Lou et de lui présenter Petra s'imposait à moi. De
plus, cette dernière avait élu domicile chez moi et me suivait dans
tous les déplacements. Bref, sans que je le décide vraiment nous
étions un couple « officiel ». En plus, les autres
n'aimaient pas vraiment Petra. C'est vrai qu'elle n'avait jamais
vraiment eu le sens de l'humour et prenait un peu tout le monde de
haut...
Schneider
nous ouvrit.
-
Bonsoir. Comment allez-vous ?
-
Salut, répondis-je en lui donnant une accolade. Pas grand chose de
neuf depuis tout à l'heure...
Il fut
moins chaleureux avec Petra.
-
Salut Christoph, je suis contente de te revoir.
- Ne
m'appelle pas Christoph, s'il te plait...
Je
savais qu'il mourait d'envie d'ajouter que lui n'était absolument
pas enchanté de la revoir. Mais il avait décider d'être de bon
humeur, sans doute pour que la soirée de Sarah se passe le mieux
possible. Il prit nos manteaux et nous invita à entrer dans la salle
à manger. La table était dressée, Sarah avait sortit jolie service
et les chandeliers.
- Où
est la reine de la soirée ? demandai-je à Schneider.
- Elle
fini de se préparer, me répondit-il. Elle a passé toute la journée
aux fourneaux...
Sarah
adorait cuisiner et c'était toujours un régal lorsqu'elle nous
invitait. Elle fit alors son apparition, resplendissante dans une
robe bustier rouge, les cheveux relevés en un chignon.
-
Bonsoir Till, dit-elle en me prenant dans ses bras.
- Bon
anniversaire Sarah. Tu es resplendissante.
-
Merci.
Elle
salua également Petra. Je lui tendis son cadeau.
Sarah
collectionnait les livres anciens et je lui avait trouvé l'édition
originale de la première traduction allemande des Fleurs du Mal
de Charles Baudelaire. Petra trouvait que c'était une idée stupide
et elle avait écarquillé les yeux, trouvant le prix exorbitant pour
un livre aillant plus d'un siècle. Je n'avais même pas tenté de
lui expliquer...
-
Les cadeaux c'est pour le dessert ! S'exclama Christoph en lui
prenant le paquet des mains.
La
sonnette retentit. Flake arrivait seul, un immense paquet dans les
bras. Il salua tout le monde et ce fut à Paul et Bianca de passer le
pas de la porte. Paul, toujours très enthousiaste sera tout le monde
dans ses bras, y comprit Petra. Bianca était aussi enjouée que lui,
et je ne pus m'empêcher de penser, comme à chaque fois que je les
voyais ensemble, qu'ils s'étaient bien trouvés. Bianca était
styliste, elle tendit une immense boite estampillée Dior à Sarah,
fermé par un ruban de satin rose.
Nous
étions tous installés sur les divans et fauteuils du salon quand
Ollie et Alysson arrivèrent.
-
Désolés pour le retard, s'excusa Alysson, mais Lilly a organisé
une soirée pyjama avec ses amies et il fallait lui donner les
dernières instructions...
Lilly
était la fille unique d'Ollie et d'Alysson. À quatorze ans, en
pleine crise d'adolescence, elle voulait qu'on la considère comme
une adulte mais téléphonait à sa mère pour savoir comment
fonctionnait le micro-ondes.
-
Ne vous inquiétez pas, vous n'êtes pas les derniers, dit Schneider.
Bien évidement Richard est en retard, mais je me demande si Lou va
correctement représenter son pays et faire pire que ce cher
Richard...
Tout
le monde rit, sauf Petra qui ne connaissait pas Lou, mais elle ne me
posa aucune question. On frappa à la porte. Tous lancèrent des
paris sur l'identité de la personne se trouvant sur la palier.
-
C'est Lou, dit Flake, Richard est pire que le pire des français !
-
Ce n'est pas possible ! s'exclama Schneider.
-
On parie ?
-
Cinquante euros, misa Schneider.
-
Je mise sur Lou, annonça Paul.
Puis
nous attendions tous dans le silence. Sarah cria depuis l'entrée :
- Vous
avez tous perdu, ils sont là tout les deux !
Ceci
déclencha l'hilarité générale. Richard paru le premier, un
immense bouquet dans les tons roses à la main. Il le tendit à Sarah
en lui souhaitant un joyeux anniversaire. Puis il embrassa les femmes
présentes.
- Et
nous, demanda Flake, on pue ?
- Ne
m'oblige pas à répondre, dit Richard. Disons qu'on s'est déjà vu
cette après-midi.
C'est
alors que Lou fit son apparition, un peu intimidée par tout ce
monde. Mon sang ne fit qu'un tour. Elle était resplendissante. Elle
salua tout le monde. Sarah, Bianca et Alysson étaient ravies de la
revoir. Ce qui me fit sourire. Quand les gars leurs avaient annoncé
qu'un photographe allait partager notre quotidien pour
l'enregistrement de l'album et le reste, et que ce photographe était
de sexe féminin, elles avaient toutes décidé de haïr Lou, par
principe. Et elles avaient toutes changé d'avis en faisant sa
connaissance en Californie, à la fin de l'enregistrement de l'album.
Lou s'était liée d'amitié avec elles.
Arrivée
à ma hauteur, elle me colla deux bises comme elle avait fait avec
les autres. Son odeur s'empara de moi et le contact de son visage
contre le mien ravivèrent le souvenir de nos nuits d'amour. Elle
sera la main de Petra et dit :
-
Enchantée.
- Vous
êtes la nouvelle petite amie de Richard ? demanda Petra.
Lou
rit et répondit :
- Non,
je ne suis pas complètement irresponsable !
J'expliquai
à Petra qui était Lou.
Tout
le monde était enjoué et la soirée promettait d'être joyeuse.
Alors que nous finissions nos verre en écoutant Paul raconter une
anecdote, je sentis un regard sur moi. À l'autre bout du salon, Lou,
que je m'efforçais de ne pas regarder, avait posé ses yeux sur moi.
Son regard était sans expression. Elle mit une seconde à se rendre
compte que je la fixais aussi et détourna les yeux.
Il fut
temps de passer à table. Sarah nous plaça, les couples l'un en face
de l'autre. Et par je ne sais quel miracle, je me trouvais à côté
de Lou, Petra en face de moi. Flake était assis face à Lou.
Richard était heureux de présider l'assemblée. Je ne pouvais pas
être plus mal à l'aise. Il y avait une tension entre Lou et moi.
Pour la dissiper je décidai d'entamer le conversation avec elle.
-
Alors, ces tournages de clips aux États-Unis se sont bien passés ?
- Oui,
cela a été un mois intensif de travail, mais je suis heureuse de
mes réalisations.
Je me
foutais pas mal de ces clips qui l'avaient emmené loin de moi !
Comme toujours dans mes relations amoureuse j'avais été incapable
de réfléchir autrement qu'avec ma queue, et rien ne prenait le
tournant que j'espérais. Lou me fit sortir de mes pensées en se
levant pour aider Sarah et Christoph à servir les entrées. Je
tentais de m'intégrer à la discussion générale pour ne plus
penser. À rien.
Comme
toujours lorsque Sarah cuisinait, le repas était copieux et raffiné.
Lou n'arrivait pas a terminer son assiette et le proposa à Flake qui
l'accepta volontiers.
- Tu
manges comme quatre et tu dois peser le même poids que moi !
s'exclama Lou en lui tendant son assiette.
-
N'exagère pas, répondit Flake en riant. Je dois bien faire dix
kilos de plus que toi. Par contre je reconnais que je mange beaucoup
sans prendre un gramme...
- Si
je mangeais les mêmes quantités que toi je deviendrais obèse en
moins de six mois, affirma Paul.
- La
vie est si injuste... plaisanta Flake.
En
riant, je baissai les yeux. Je fut interpellé par les jambes de Lou.
En enlevant la serviette posée sur ses genoux, elle avait relevé sa
robe sur ses cuisses, laissant apparaître le haut de ses bas. Je
détournai rapidement le regard mais cette vision eut un effet
immédiat, provocant une tension dans le bas du ventre. Heureusement
elle se leva pour débarrasser les assiettes vides. Petra me dit
quelque chose. J'acquiesçais sans l'avoir écouté.
Ce fut
le moment du dessert. On éteignit les lumières et Schneider arriva
avec un énorme gâteau chargé de bougies. Lou avait sortit son
appareil et prenait des photos. Sarah ouvrit ses cadeaux. Elle fut
très heureuse de l'édition originale des Fleurs du Mal,
et Petra leva les yeux au ciel. Flake lui avait offert l'une de ses
toiles représentant une rue de Berlin. De la part de Paul et Bianca
elle reçu une robe de la dernière collection Dior qui fit
s'extasier toute le gente féminine. Alysson, qui travaillait pour la
même marque lui avait choisit les escarpins assortis. Sarah fini par
ouvrir le présent de Lou : il s'agissait d'un très beau cliché
en noir et blanc qu'elle avait probablement prit en Californie l'été
précédent.
Sarah
fit le tour de la table afin de remercier tout le monde.
-
Cette photo est magnifique, cela me touche beaucoup, dit-elle à Lou.
- Au
fait, dit Richard, Schneider ne t'a pas fait de cadeau ?
Sarah
et Christoph échangèrent un regard complice.
- Il
m'a fait le plus beau des cadeau, dit-elle.
Elle
tendit sa main gauche au dessus de la table pour nous faire admirer
le diamant qui ornait son annulaire.
- …
Il m'a demandé en mariage !
Il y
eu une demi seconde de silence, traduisant la surprise de tous, avant
une explosion générale de joie. Nous levions nos coupes de
champagne aux fiancés. J'étais franchement jaloux de leur bonheur.
Je me rendis compte que la douleur que j'éprouvais à l'idée que
Lou ne partage pas mes sentiments était plus forte que je voulais
bien le penser.
Petra
et moi étions retourné à L. où nous menions une vie de couple
modèle. Je m'ennuyais, plus encore, je me sentais malheureux, ne
cessant de penser à Lou. Je me disais que le temps allait m'aider à
estomper mes sentiments, peut-être même à les faire disparaître.
Il restait encore un mois de libre avant de commencer les répétitions
pour la tournée. Costumes, décor, dates, tout était déjà
planifié. Je n'avais plus rien à penser, alors je m'efforçais de
me convaincre que cette vie avec Petra me convenait et que le bonheur
était sans doute cette routine. Pourtant, une voix que j'essayais de
faire taire à tout prix ne cessait de me répéter le nom de Lou.
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