samedi 10 mai 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 9

Le chapitre précédent est ici, et pour lire la fiction à partir du début c'est par .

Il avait raison, c'était leur expulsion du Paradis. Je me remémorais ces moments.

J'avais sonné à l'appartement de Lou. J'entendis des bruits de pas derrière la porte et vis son œil regarder par le judas, mais elle n'ouvrait pas.
- Je sais que tu es là, dis-je à travers la porte. Ouvre.
Elle ouvrit, en larmes. Je la pris dans les bras.
Je m'étais rendu chez elle parce j'avais sentit que sa réaction avait été bizarre quelques minutes plus tôt lorsque je lui avait annoncé que Till était avec Petra. Lou m'avait simplement répondu « Très bien » et aucune émotion ne s'était dessinée sur son visage. Pourtant, avant son départ pour la Californie, j'avais cru comprendre qu'elle était amoureuse sans qu'elle n'ait eu besoin de me le dire. Alors ,quand, tout à l'heure, elle avait accueillit la nouvelle de la relation entre Till et Petra par un « Très bien » je sus que c'était exactement le contraire. Elle avait voulu partir mais je culpabilisais de la laisser alors que je sentais qu'elle avait besoin de moi.
Je sentis les jambes de Lou trembler et la fis assoir sur le divan, continuant de la serrer. Petit à petit elle se calma. Quand elle n'eut plus de larme, je dis :
- Tu n'es pas seule, je suis là.
- Merci, répondit-elle dans un souffle.
Alors elle me raconta la conversation qu'elle avait eu au téléphone avec Till.
- Pourquoi a-t-il fallu que je tombe amoureuse ?
- C'est comme ça. Tu t'es sentie bien, tu as lâché prise... On ne maîtrise pas tout.
- Quelle connerie les sentiments, dit-elle entre ses dents. En plus, je n'arrive même pas à lui en vouloir. En vérité c'est de ma faute...
- Ne dis pas de bêtise !
- Je ne lui ai jamais parlé de ce que je ressentais. On faisait que baiser et parler de choses sans importance... J'avais peur d'être ridicule, peur que les sentiments ne soient pas partagés. J'attendais un signe qui n'est jamais venu. Et finalement j'ai vu juste en ne disant rien. Pour lui ce n'était qu'une histoire de cul.
Je ne sus que répondre. Je connaissais Till depuis si longtemps, et je ne l'avais jamais vu se comporter de cette manière avec les autres femmes. Il y avait quelque chose de particulier entre Lou et lui. Flake m'avait même confié :
- Je crois que cet idiot de Till est réellement amoureux pour la première fois de sa vie. Comme quoi tout arrive, on n'est jamais trop vieux...
Je ne voulais pas dire cela à Lou. À quoi cela servirait-il ? Je refusais de la blesser encore plus.
Elle me serait toujours dans ses bras. Dans un élan de désespoir, pour se rassurer, peut-être aussi, elle leva son visage vers le mien et me regarda dans le yeux. Elle cherchait quelque chose dans mon regard. Je me sentis mal à l'aise face au désespoir et à l'acte que Lou allait entreprendre. Et mes craintes se confirmèrent. Lou approcha sa bouche de la mienne. Je n'osai pas la repousser, pour ne pas la blesser, et laissai nos lèvres se rencontrer. Pour rester maître de la situation, je ne fermai pas les yeux. Même si mes sentiments pour Lou étaient fraternels, je la trouvais belle, et mon comportement d'éternel séducteur pouvait très vite me dépasser. Quand je sentis le bout de sa langue effleurer ma bouche je gardai la mâchoire fermée. Elle arrêta son geste immédiatement et recula d'un coup. Elle semblait effrayée par son propre comportement.
- Je suis désolée, dit-elle précipitamment, je suis tellement confuse, ce n'est pas ce que tu crois... sa voix fut étouffée par un sanglot.
- Je sais, ne t'inquiète pas, la rassurai-je en caressant ses longs cheveux.
- Qu'est-ce qu'il m'arrive Richard ? Je suis complètement folle ! Pardonne-moi. Je ne veux pas, je ne peux pas te perdre... C'est un stupide geste de désespoir...
- Je ne t'en veux pas Lou.

Elle passa les quarante-huit heures qui suivirent au lit. J'avais bataillé pour qu'elle se lève et mange quelque chose, mais il n'y avait rien à faire. Je m'installai avec elle dans sa chambre. Allongé sur le lit dans la pénombre je lui tenait compagnie. Le matin du deuxième jour je fus réveillé par des bruits dans la cuisine. Lou s'était enfin levée. Je la rejoignis. Elle était douchée et maquillée, habillée d'un jean, d'un petit haut en soie noire, et d'un gilet, noir lui aussi. Elle avait préparé le petit déjeuner et m'accueillit avec un sourire.
- Salut, dit elle. Tu es prêt pour cette après-midi ?
Je réfléchis un instant.
- Ah oui ! La séance photos... Ca va aller toi ?
- Tu t'es suffisamment inquiété pour moi ces deux derniers jours Richard. Merci.
Elle voulait être forte, mais je lus l'appréhension dans ses yeux. Je fis comme si de rien n'était, ne voulant pas casser son élan. J'étais trop heureux qu'elle soit sortie de cette phase dépressive aussi rapidement.

Je sentais que le sommeil commençait à me gagner. Je posai le manuscrit sur la table de chevet et posais mon regard sur Lou. Ses cheveux étalés sur l'oreiller, sa main sous son visage et sa jambe interminable au dessus du drap. Elle avait bougé de sorte que sa nuisette remonta jusqu'à laisser voir son shorty. Elle était belle. Je regardais à nouveau la cicatrice sur sa tempe. Puis je détaillais son visage. Elle avait vieilli, de toutes petites rides s'étaient creusées au coin de son œil. Malgré l'âge et le chagrin elle restait belle et désirable.
Désirable.
Cela faisait des mois que je ne parvenais plus à bander. À 54 ans, voilà que le matos ne fonctionnait déjà plus. Le médecin a dit que je somatisais, que c'était du au choc psychologique qu'avait provoqué chez moi le départ de Till. Je trouvais ça un peu fort. Les premiers temps j'en avais fait une obsession, m'acharnant à deux mains sur mon membre qui restait mou, sans réaction. J'avais fini par me résigner. Lorsque j'étais optimiste je me disait que cela reviendrait tout seul. Dans les moments de déprime je me disait que je n'allais plus jamais baiser.
Alors que je regardais Lou, que j'observais les détails de son épaule, de ses reins et sa jambe nue, plus bas le drap se leva tout seul. Je soulevai le drap et mon caleçon pour être sûr qu'il ne s'agissait pas d'une hallucination. L'autre, là, en-bas, avait vraiment ressuscité. Je laissai tomber ma tête sur l'oreiller et fut pris d'un fou rire. Oh bordel, je n'avais jamais senti un soulagement comme celui-ci ! La crise de rire se dissipa, mais je crois que je gardais un sourire stupide sur les lèvres.
Je me tournai à nouveau vers Lou. Le même effet sur mon corps. Je ne riais plus. Je caressai brièvement son visage, puis son épaule. Ce que j'avais envie d'elle. Il n'y avait plus aucun sentiment de fraternité en moi, je la voulais toute entière, à cet instant elle faisait naître en moi un désir qui me semblait venir de profondeurs de mon être, un désir brulant et sauvage. Je m'approchai d'elle, l'embrassai sur le front et passait mon bras autour de sa taille. Elle bougea dans son sommeil pour se lover contre mon torse et ma bedaine de grand-père. Je luttais contre l'envie d'elle et décidais que je n'entreprendrais rien. Je contrôlai mon instinct parce que je ne voulais pas la blesser. Ça non. Jamais. Je ne pouvais pas lui faire de mal.
Alors que je commençais à m'assoupir, Adam se mit à pleurer. Je regardai l'heure : c'était le moment du biberon. Lou émergea.
- Ne te réveille pas, je m'occupe d'Adam.
- C'est toujours toi qui te lève la nuit.
- Ne t'en fais pas et rendors-toi.
Elle me sourit avec ses petits yeux fatigués et reposa sa tête sur l'oreiller.
- Merci.

Alors que je m'occupais du bébé, je repensai à la réaction de Schneider lorsque j'avais utilisé le terme « la maison » pour parler de l'appartement de Lou.
« Alors tu reste toujours vivre chez elle. »
Concrètement je vivais avec elle. Comme un couple. Nous mangions, dormions ensemble, je m'occupais d'Adam comme de mon propre fils. Une vie de couple. Sans sexe. Parce qu'il y avait quelques heures cela était physiquement impossible pour moi, et parce que ce n'étais pas la nature de nos sentiments. Mais ce que l'on ressent peut évoluer. Le regard qu'on à sur nos proches change. Ce sont les évènements qu'on traversent qui produisent ces changements. La situation entre Lou et moi n'était plus la même. Avait-elle, elle aussi, ressenti un changement ? Si nous avions toujours été très proches l'un de l'autre, il me semblait qu'elle faisait plus de gestes tendres envers moi. Il me semblait qu'elle n'en était pas pas consciente elle même, mais elle laissait sa main sur mon épaule, déposer un baiser sur ma joue après avoir embrassé Adam qui se trouvait dans mes bras, se serrait plus près de moi pour s'endormir. Elle le faisait parce qu'elle en avait besoin, comme par instinct, mais je ne croyais pas qu'elle était capable d'analyser tout cela. D'abord parce qu'elle était entrain de le vivre, puis parce qu'elle était assommée par sa peine.
- Où cette situation nous mène-t-elle ? Chuchotai-je à Adam.
L'enfant se contenta d'un sourire. Je déposer un baiser sur son front.


Ça continue par ici !

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