vendredi 25 avril 2014

Nur Götter dürfen uns berühren - 5

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Cette lecture se révélait quelque peu éprouvante pour moi. J'avais l'impression de violer l'intimité de Till. J'étais surpris par le lucidité avec laquelle il analysait son comportement. Je me remémorais moi aussi ces instants. S'il avait été attiré par Lou, elle aussi, dès le début avait ressentit des choses pour lui. Je me souviens des regards qu'elle lui lançait, et ses efforts pour faire comme s'il ne se passait rien en elle. 
Depuis notre rencontre, dès les premiers instants, j'avais pu lire en elle comme dans un livre ouvert. Enfin, la vérité c'est que j'avais eu d'abord envie de la séduire.
En visite à Paris, Arnaud m'avait trainé au vernissage d'une exposition de photographies dans une galerie d'art en vogue à l'époque. J'étais dans l'état d'esprit du chasseur qui ne compte pas rentrer à l'hôtel seul. Je m'en foutais pas mal des œuvres. Puis en arrivant, j'avais été frappé par ces clichés plein d'une sorte de violence sourde. Autour de moi, beaucoup de jeunes femmes, plus belles les unes que les autres. Mais c'est sur Lou que mes yeux se posèrent véritablement. Lou avait toujours eu une beauté particulière. Pas ce genre de beauté qui vous saute aux yeux, mais un charme discret dans son visage, une sensualité dans ses gestes et sa manière d'être, une part de mystère aussi. Alors non, ce n'était pas plus belle de la soirée. Mais c'est elle que j'abordai.
- Ces photos doivent sans doute être l'oeuvre d'une grosse brute.
Elle explosa de rire. Parce que bien évidement, je ne savais pas que c'était elle l'artiste et il avant fallut que je l'aborde avec cette accroche. Elle ne le prit pas mal, et la glace était rompue.
Quelques heures plus tard, dans ma chambre d'hôtel, les choses ne se passèrent pas comme je l'avais prévu. Nos gestes étaient si maladroits ! Griffures et morsures involontaires, et j'en passe... Sans doute la pire relation que je pouvais imaginer. Mais ce que nous avons rit. Aux éclats. Passant le reste de la nuit à discuter comme de vieux amis qui ne s'étaient pas vu depuis des années.
Depuis ce soir là nous nous téléphonions souvent, tous les jours presque. J'allais souvent à Paris pour la voir aussi.
Adam dormais à points fermés. Je le regardais en pensant à sa mère. Lou n'avait vraiment pas eu une existence simple. Je me souvins d'un soir où nous nous étions racontés notre enfance, la vie difficile en Allemagne de l'Est pour moi, les difficultés avec ma famille... Puis à son tour elle avait révélé ses blessures.
- Ce que je t'ai raconté, je ne l'ai jamais dit à personne.
Lorsqu'elle avait dix ans, elle a eu un accident de voiture avec ses parents et son frère alors qu'ils revenaient de vacances. Elle avait été la seule à survivre au choc. Je n'osais même pas imaginer ce qu'une telle épreuve pouvait représenter pour une enfant. Mais alors que je croyais qu'elle venait de me révéler sa véritable blessure, elle me révéler la véritable raison de cet air mélancolique toujours présent dans son regard. Elle décrit tout dans les détails, me donnant presque à voir ce qu'elle avait vécu.

Lou était heureuse que le cours de mathématiques ait été annulé au dernier moment, lui laissant une après-midi libre pour se retrouver seule comme elle aimait souvent le faire. Elle était aussi ravie d'échapper aux chiffres et autres figures géométriques, qu'elle trouvait trop froides et qu'elle était incapable de maîtriser.
- Vous êtes un cas désespéré, avait dit un jour son professeur en constatant son incapacité à comprendre le fonctionnement et l'utilité d'une équation.

Lou vivait chez son oncle et sa tante depuis le décès de sa famille. La sœur de son père l'avait accueilli dans sa famille.
- J'étais une adolescente introvertie, un peu mélancolique.
Lou rentrait donc à la maison, ravie de se trouver seule quelques heures. Elle avait besoin de mettre un peu d'ordre dans sa tête. Depuis quelques semaines elle fréquentait un garçon, Thomas. Il avait deux ans de plus qu'elle. Elle avait de l'affection pour lui et une véritable attirance, mais elle n'était pas amoureuse.
- Enfin, c'est ce sue je me disais. Ce que je ressentais pour Thomas n'avait pas d'écho dans toute la littérature que je consommais de manière boulimique.
Elle avait sourit en se faisant cette réflexion, se moquant d'elle-même : « je suis la nouvelle Emma Bovary... ». Elle s'était trouvée tellement ridicule qu'elle avait ri ouvertement. Cela lui avait valu une heure de colle, parce qu'évidement elle avait eu cette pensée pendant un cours de maths...
Ce qu'elle aimait avec Thomas c'était le sexe. Pas le sexe pour lui même, non, elle n'avait pas encore connu l'orgasme. Elle découvrait son corps, celui de l'autre aussi, et ressentait en elle ce bouillonnement qui s'empare des nos veines. Elle était une exploratrice des sensations et commençait à comprendre que l'on pouvait s'abandonner complètement. Dans sa relation avec Thomas elle appréciait n'avoir aucune sensation de manque : elle pouvait passer des jours sans le voir sans que cela lui fasse mal. Son amie Dorine ne la comprenait pas. Cette dernière ne pouvait passer plus d'une demi-journée sans voir son petit ami, et se précipitait dans ses bras à chaque moment de pose entre deux cours. Dorine avait conclu que Lou était une sorte d'extra-terrestre.
Arrivée chez elle, Lou se précipita vers la cheminée : l'hiver était glacial. Elle resta devant l'âtre quelques minutes puis monta dans sa chambre. En entrant elle poussa un cri, effrayée. Son oncle était assis à son bureau, tournant le dos à la porte.
- Bon Dieu ce que tu m'as fait peur ! S'exclama Lou, le souffle court.
- Désolé, répondit-il sans se retourner.
- Que fais-tu ici ? Demanda-t-elle, fâchée qu'il se permette d'entre ainsi dans sa chambre.
- J'ai trouvé ceci dans tes affaires...
Elle se déplaça pour voir l'objet en question, posé sur le bureau. C'était une boite de préservatifs. Elle sentit le rouge lui monter aux joues, puis se reprit. Son oncle ne la regardait toujours pas, fixant la boite posé sur le bureau.
- Et alors ? Demanda-t-elle, insolente.
- Tu n'est plus vierge ?
- Qu'est-ce que cela peut bien te foutre ? Cela ne te regarde vraiment pas.
Son oncle la regarda enfin, avec une expression bizarre. Il se leva et lui fit face. Il s'était positionné très proche d'elle, trop proche. Il la regarda de la tête aux pieds. Elle se sentit mal à l'aise. Il la prit dans ses bras. Elle se dégagea de son étreinte, il n'insista pas.
- Tu es entrain de devenir une très belle femme, dit-il.
- Non mais qu'est-ce qu'il te prend !
Lou était dos au mur et sentait que la situation était anormale. Mais elle n'était pas effrayée, pas encore. Il s'approcha d'elle et plaqua son corps massif contre celui de Lou. Elle ne pouvait plus bouger. Elle dit :
- Arrête, s'il te plait. Je ne trouve pas ça drôle.
- Ce n'est pas sensé l'être...
Il parlait avec une voix qu'elle n'avait jamais entendu. Elle avait peur. Alors il tenta de l'embrasser. Elle serait les mâchoires de toutes ses forces, tournant dans des mouvement brusques sa tête dans tous les sens pour échapper aux lèvres de son oncle. Alors, il sera une main autour du cou de Lou. Elle stoppa net ses mouvements. Elle avait du mal à respirer, elle était immobilisée. L'oncle passa sa main libre sous le pull de la jeune fille et commença à lui caresser le ventre et les seins. Elle voulait crier, mais le souffle lui manquait. Elle voulait le repousser, mais elle était incapable de bouger. Pour la déshabiller, il du desserrer son étreinte. Elle voulait s'échapper, partir en courant. Mais le seule chose qu'elle fut capable de faire, ce fut de dire :
- Arrête, s'il te plaît.
Il sourit, lui enlevant son soutien gorge et son jean. Il se pressa à nouveau contre elle. Elle sentait son pénis en érection contre son ventre et se mit à trembler. Ses jambes ne purent plus soutenir son corps qui se laissa glisser contre le mur jusqu'au sol. Son oncle se déshabilla entièrement. Il la prit voilement par le bras et la jeta sur le lit. Elle tremblait toujours. Elle voulait hurler, se débattre, mais rien à faire : son cerveau était incapable d'envoyer les message nécessaires à ses membres pour agir. C'est comme si elle était à l'extérieur de son corps, elle voulait se gifler : « Fais quelques chose » criait une voix dans sa tête. L'homme lui arracha sa culotte et s'allongea sur elle. Elle eut le réflexe de serrer les cuisses. Mais quarante cinq kilos de femme ne peuvent rien contre quatre-vingt dix kilos de muscles muent pas un désir lubrique. Il la pénétra. Elle ne ressentit pas une douleur atroce comme elle l'appréhendait. La sensation était désagréable, c'est tout. Elle tourna la tête de manière à ne pas le voir. Elle fixait le mur. Une larme perla et glissa sur sa tempe pour disparaître dans ses cheveux. La respiration de l'homme sur elle était de plus en plus forte, ses mouvements de plus en plus rapides. Elle languissait qu'il termine
- Les secondes me paraissaient des années.
Quand il eut fini, il se releva et se rhabilla. Lou tourna tout son corps vers le mur, repliant ses jambes vers sa poitrine. Une fois rhabillé, il alla s'assoir au bord du lit et se mit à lui caresser les cheveux.
- Tu es une gentille fille, dit-il.
C'est ce qui lui fit le plus mal. Plus que les gestes, cette phrase lui porta le coup fatal. Il se leva et partit referment délicatement derrière lui la porte de la chambre. Lou resta là, incapable de bouger. Incapable de penser. Incapable de vivre. Au bout de quelques minutes, ou de quelques heures, elle réussit à se trainer jusqu'à la douche.

Quand sa tante l'appela pour passer à table le soir, elle descendit à la cuisine, comme un automate. Son oncle se comportait comme si de rien n'était. Le repas se déroula comme chaque soir. Lou n'arriver pas à manger.
- Quelque chose ne va pas ? demanda son oncle.
- Je ne me sens pas très bien, c'est tout.
Elle aida sa tante à débarrasser la table. Son oncle et son cousin étaient encore assis. Elle se tenait devant le lave-vaisselle, les assiettes à la main. Les mots sortirent de sa bouche avec le même ton que si elle avait affirmé qu'il faisait froid. Il n'y avait ni tristesse, ni colère, ce fut une simple affirmation :
- Patrick m'a violé.

- Cette simple phrase me value de passer presque la totalité de sa seizième année en hôpital psychiatrique. J'étais dépressive, mais pas au point d'être enfermée. Bien sûr, ma tante ne m'avait pas cru, me traitant de folle. C'est elle qui avait prit la responsabilité de me faire interner. Ne ne lui en voulais pas, j'en voulais à Patrick. S'il avait avoué, il m'aurait épargner ces longs mois au service de pédopsychiatrie. Mais que valait la vie d'une orpheline dépressive face à la tranquillité d'une homme équilibré ?


La suite ? C'est par ici.

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